Marguerite, le succès inattendu

Pourquoi certains films bénéficient d’un état de grâce et d’autres pas ? Marguerite est devenu l’un des succès publics inattendus de l’automne. Il part favori pour les prochains César avec onze nominations. Qui dit mieux ? Pourtant cette histoire de cantatrice qui chante faux, ne le sait pas mais est très riche, n’était pas programmée pour séduire les foules. Catherine Frot nous offre certes une prestation exceptionnelle. Mais l’émotion distillée tout au long du film est bien le fruit d’une composition complexe qui se nourrit à la fois de la mémoire du cinéma, de son histoire et de la blessure infligée à ceux qui aspirent à être des artistes mais ne le seront jamais. L’histoire navigue ainsi entre pitié et cruauté. La vérité est-elle toujours bonne à dire alors que la mort rode ? Et ce Paris des années vingt, des années folles n’est en fait pas très gai. Chaque scène comme sur une palette mélange les couleurs et les sentiments. Domine au final le bleu de la mélancolie. Xavier Gianolli, l’auteur de ce film subtil, peut toutefois être un homme heureux.