MÊME S’IL ne satisfait pas tout le monde, l’amendement révisant la procédure d’intégration des médecins diplômés hors de l’Union européenne dans le système de soins français est prêt (« le Quotidien » du 1er juin). Faute d’avoir été raccroché à tel ou tel texte examiné par les députés et les sénateurs avant la fin de la session parlementaire, le 30 juin, il risque toutefois de rester encore pendant de longs mois à l’état de... projet. Les jours passant, cette situation fait plus qu’inquiéter les représentants des praticiens concernés.
Une occasion en or s’est pourtant présentée avec le projet de loi sur l’immigration et l’intégration défendu par le ministre de l’Intérieur. Raccorder à ce projet un amendement concernant les médecins étrangers paraissait en effet logique ; Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs donné un avis favorable à l’opération et validé l’amendement. Mais Matignon, peut-être échaudé par une pétition signée par le Parti socialiste en faveur des praticiens diplômés hors de l’UE, en aurait décidé autrement.
Résultat : il n’y a plus de fenêtres parlementaires et même à la rentrée, les places risquent d’être fort chères dans la perspective des élections présidentielles. «S’il ne se passe rien pour nous en septembre ou en octobre, c’est fini», résume, pessimiste, le Dr Hani-Jean Tawil, délégué général de la FPS (Fédération des praticiens de santé). «Le ministère n’a fait aucun effort pour essayer d’inscrire ce texte au calendrier parlementaire», déplore pour sa part le Dr Talal Annani, président de l’Inpadhue (Intersyndicale nationale des praticiens à diplôme hors Union européenne, organisation qui n’adhère pas totalement au texte de l’amendement). Pour le Dr Annani, le gouvernement fait «la politique de l’autruche».
Inquiètes de voir le dossier traîner en longueur et soucieuses de l’avenir de nombreux médecins pour lesquels, selon les règles actuellement en vigueur, les portes de l’intégration sont pour le moment fermées, les deux organisations ne restent pas les bras ballants. La FPS a demandé à être reçue d’urgence par le Premier ministre et par le ministre de la Santé ; sur un plan plus pratique, elle a également suggéré aux pouvoirs publics que soient repoussées les dates d’inscription à la session 2006 de la « procédure d’autorisation d’exercice » (PAE, qui doit remplacer la « nouvelle procédure de recrutement » inventée en 1999). Le syndicat brandit d’ores et déjà la menace d’une série d’actions dans les hôpitaux en septembre.
De son côté, l’Inpadhue maintient le piquet de protestation quotidien qu’elle a installé depuis le 7 juin devant le ministère de la Santé et demande à tous les parlementaires de venir l’y retrouver mercredi prochain 5 juillet en signe de soutien. Son mot d’ordre de grève dure, sans réponse aux réquisitions, est maintenu pour les week-ends des 14 juillet et 15 août. Le syndicat attend surtout la réaction de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations) à expiration du délai par elle fixée au gouvernement pour réagir à la situation des médecins à diplôme extracommunautaire.
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