UN PROJET d’arrêté tarifaire prévoit de modifier le mode de financement de l’érythropoïétine (EPO). À compter du 1er mars 2010, l’EPO devrait être radiée de la liste des spécialités pharmaceutiques facturables en sus des tarifs finançant les séjours hospitaliers. Au lieu d’être remboursée à l’euro l’euro, cette molécule se trouverait réintégrée dans les tarifs finançant les séances de dialyse, lesquels devraient être réévalués à la hausse. Mais de combien ? C’est la grande inconnue. L’information n’est pas communiquée, ce qui ne manque pas d’inquiéter le monde de la dialyse.
Patients et médecins du secteur hospitalier privé (commercial et non lucratif) dénoncent d’une même voix cette décision, lourde de menace, à leurs yeux, pour la qualité des soins. Explications du Dr Jacques Chanliau, président du Syndicat des néphrologues d’association (secteur participant au service public hospitalier), et vice-président de la Société francophone de dialyse : « On s’attend à un retour en arrière tout à fait préjudiciable pour les insuffisants rénaux traités par dialyse. L’EPO était remboursée à l’euro l’euro depuis 2001, à la suite d’une longue lutte, ce qui avait grandement facilité l’accès à ce traitement. Aujourd’hui, 80 % à 90 % des dialysés reçoivent de l’érythropoïétine. Si l’EPO est réintégrée dans le forfait dialyse, comme c’était le cas avant 2001, on craint que les malades ayant de gros besoins en érythropoïétine soient pénalisés. »
En clair, les structures de dialyse privées pourraient être tentées de ne pas proposer l’EPO de manière systématique à leurs patients, si elles se voient contraintes d’acheter cette molécule à perte.
Y aurait-il des prescriptions abusives ? Le Syndicat des néphrologues libéraux s’en défend, et rappelle que l’EPO fait l’objet d’un contrat de bon usage, « ce qui garantit sa prescription en total respect avec les règles de bonnes pratiques ». Les professionnels de santé et les associations de patients dialysés demandent au gouvernement de suspendre sa proposition.
La France compte près de 33 000 personnes dialysées, un nombre en progression de 3 % par an. Les dépenses en EPO se montent à 70 millions d’euros par an (14 euros la séance).
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