Né le 13 octobre 1821 en Poméranie, à Schivelbein, Rudolf Virchow, considéré comme l’un des fondateurs de l’anatomopathologie moderne, a fait ses études de médecine à la Pépinière (Académie médicale militaire de Berlin) de 1839 à 1843, année où il soutient sa thèse « De rheumate praesertim corneae ».
Nommé médecin Auxiliaire (Unterarzt) la même année à la Charité de Berlin, il y est prosecteur dans le service de dissection. En 1845, Il publie « Sur la nécessité et la justesse d'une médecine d'un point de vue mécanique » et crée les « Archives pour l'Anatomo-Pathologie, la Physiologie et la Médecine Clinique ».
Indésirable à Berlin après la Révolution de Mars
Habilité comme professeur d’enseignement supérieur en 1847, il est suspendu l’année suivante pour avoir participé activement à la Révolution de Mars, combattant sur les barricades. Indésirable à Berlin, Virchow accepte un poste à l’université de Wurzbourg.
Durant l'hiver 1847-48, Virchow se rendit en Haute-Silésie frappe par une épidémie de typhus, et rendit un rapport sur les « aspects médicaux, épidémiologiques et sociaux de la maladie, recommandant des mesures thérapeutiques ».
En 1850, il épouse Ferdinande Mayer, fille de Carl Mayer, conseiller sanitaire, avec laquelle il aura six enfants.
En 1852, il va inspecter les territoires menacés de famine (Hungersnot).
« Omnis cellula e cellula »
En 1858, il revient à Berlin et publie « Die Cellularpathologie in ihrer Begründung auf physiologische und pathologische Gewebelehre », son œuvre la plus connue où il soutient que c'est dans la cellule qu'il faut chercher l'explication ultime des processus normaux aussi bien que des maladies. Il y affirme aussi que toute cellule est produite par une autre cellule, « omnis cellula e cellula ». Il devenait alors évident qu'on ne pouvait comprendre l'action des bactéries que par la réaction des cellules par rapport à elles.
Création d’un musée pathologique accessible au grand public
Cette découverte lui apporta une renommée mondiale. La chaire de professeur ordinaire de pathologie nouvellement créée à l’université de Berlin lui est alors confiée et il va dès lors partager son temps entre l’université de Berlin et l’hôpital de la Charité où il retrouve son poste dans le service de dissection, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort 46 ans plus tard. Il mit alors toute son énergie à développer la collection pathologique anatomique existante et le couronnement de son travail sera la création en 1899 d’un musée pathologique accessible au grand public. C'est aujourd'hui le musée historique de médecine de Berlin à l'hôpital de la Charité.
« La médecine est une science officielle »
En 1859, Virchow devient membre fondateur du parti du progrès libéral de gauche allemand, jouant un rôle à Berlin dans les affaires sanitaires, l’hygiène scolaire et le surmenage des enfants. Rudolf Virchow voulaitt ainsi qu'on s'occupe à fond de l'état médical de la population : « La médecine est une science sociale et la politique n'est rien de plus que la médecine pratiquée en grand. ». C'est aussi à Virchow que l'on doit la création des premiers hôpitaux communaux à Berlin comme à Friedrichshain (1874), à Moabit (1875, fermé depuis), sans oublier la clinique Am Urban (1890). Des parcs et de terrains de jeux sont également créés pour améliorer la situation du prolétariat urbain.
En 1868, l'assemblée des naturalistes et des médecins allemands se pencha sur la question des eaux usées lors de la conférence de Dresde. Virchow était partisan du drainage par des égouts, contrairement à Georg Varrentrap, médecin à Francfort qui se prononçait pour la collecte et le réemploi comme engrais. L'association de James Hobrecht et Virchow fut alors décisive dans l'aménagement à Berlin au début des années 1870 d’un tout-à-l'égout et d’un approvisionnement en eau potable. Le drainage de la ville se fit par douze systèmes radiaux indépendants qui menaient vers des champs d’épandage en dehors de la ville : c’était la solution la plus convenable à l'époque pour l'élimination des eaux usées.
Pendant la guerre de 1870- 71, Virchow s’occupa d’organiser les trains sanitaires et les infirmeries pour les blessés du front.
Membre du Reichstag et opposé à Bismarck
De1880 à1893, Virchow est membre du Reichstag où il mettra tout son poids pour que l'État prenne soin officiellement de la santé. Ses passes d’armes avec Bismarck restèrent célèbres et ce dernier le provoqua même en duel (mais celui-ci n'eut jamais lieu). L'autonomie administrative des communes et les droits des minorités, dont les Polonais très nombreux en Prusse, sont alors ses autres chevaux de bataille. Il combat aussi avec acharnement toutes les idées antisémites.
Jusqu'à sa mort, Virchow se rendit chaque année au Solbad de Bad Durkheim pour y suivre une cure de raisin (cure uvale). Virchow est mort le 5 septembre 1805 et son monument funéraire se trouve dans le vieux cimetière Saint-Matthieu à Berlin-Schöneberg.
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