UN PLATEAU presque nu, entouré de rideaux noirs. Au fond, deux grandes photos sont suspendues - maison d'abord, puis jardin. Une table, des chaises, deux lits plus tard. Très peu d'éléments scéniques. Et de remarquables déplacements, scènes de groupes ou solitude, face-à-face, plans larges et plans serrés, tout un jeu très subtil d'entrées et de sorties, c'est un vrai travail chorégraphique que nous propose Declan Donnellan pour sa mise en scène des « Trois sœurs » de Tchekhov en langue russe.
C'est un bonheur profond que d'entendre la musique de Tchekhov, de comprendre mieux les registres différents, les rythmes divers qui sont consubstantiels aux protagonistes. Il y a là comme une révélation. Comme si Anton Tchekhov nous faisait entendre le chant de l'âme des personnages, ce qu'une traduction nous dissimule toujours un peu, forcément.
Et puis il y a ce jeu, cette manière d'interpréter qui n'appartient qu'aux acteurs russes. Quelque chose d'engagé et de simple, quelque chose d'ultrasensible et de très élégant. On ne larmoie pas, ici. Les déchirures du coeur sont profondes, mais on fait face. Et cela, il y a bien longtemps que l'on ne l'avait pas vu si bien mis en valeur par une mise en scène et des interprètes.
Ils ne sont pas moins d'une petite quinzaine, égaux en talent mais ce qui force l'admiration, ici, c'est l'entente et la cohérence, l'homogénéité du jeu qui se déploie à grande hauteur.
Les surtitres de Macha Zonina sont parfaits et l'on suit bien plus que l'action que l'on connaît. On suit vraiment les nuances, les subtilités de ce que Tchekhov a écrit. On est ébloui par cette simplicité et très touché par ce jeu sans facilité qui donne une tenue extraordinaire à la représentation. Bravo !
Les Gémeaux, à Sceaux , jusquà dimanche 24 avril, à 20 h 45 ce soir, jeudi, vendredi, samedi, à 17 h dimanche. Durée : 1 h 15, entracte, 1 h 15. En langue russe surtitrée (01.46.61.36.37). le spectacle est ensuite présenté à la Filature de Mulhouse les 28, 29, 30 avril.
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