Né à Amide en Mésopotamie, Aetius étudia la médecine à Alexandrie avant de s'installer à Byzance où règnait Justinien qui le fit , pense-t-on, comte de la cour impériale (certains manuscrits lui attribuent, en effet, le titre officiel de « comes obsequii » qui correspond à une fonction au palais impérial). Du reste de sa vie, on ne sait pas grand chose sinon qu'il était chrétien comme l'atteste plusieurs passages de son oeuvre.
En revanche, son traité de médecine en seize livres, le Tetrabiblos, est passé à la postérité. Cette immense compilation de textes de médecins antérieurs, agrémenté des propres observations cliniques d'Aetius et de nombreuses considérations magiques et religieuses (notamment les charmes et amulettes répandus à l'époque en Égypte) fut une véritable mine de savoir pour tous les médecins jusqu'à la Renaissance.
Seconde vie pour Galien, Rufus d’Ephèse, Oribase...
Aetius d'Amide donna ainsi une seconde vie aux textes de Galien, dont il reproduit de nombreux passages, mais aussi de Nicandre de Colophon pour les poisons, Dioscoride pour les remèdes, Rufus d'Éphèse, Archigène ou, encore, Oribase. Ce traité est surtout remarquable la précision avec laquelle il décrit les opérations chirurgicales, qui dénote une grande pratique personnelle. Il a étudié la goutte (qu'il distingue du rhumatisme), les maladies de l'œil (il en distingue 61 différentes, livre VII), les parasites de l'homme et des animaux (il est le premier à identifier la filaire de Médine, que Soranos d'Éphèse considérait comme un nerf), les stupéfiants. Aetius décrit ainsi de nombreux emplâtres, onguents et autres médicaments externes. Il fait aussi la première description de la paralysie du voile du palais dans la diphtérie. Un livre important (livre XVI) est consacré à la gynécologie et à l'obstétrique et il y décrit l'opération du cancer du sein et l'excision.
Les huit premiers livres du Traité d'Aetius ont été imprimés en grec, à Venise, chez les Aldes, en 1554. Les autres sont toujours inédits en langue originale (manuscrits conservés à Paris et à Vienne). Mais il y a eu plusieurs éditions en latin : à Bâle en 1535, 1542, 1549 ; à Venise, sous le titre Constructæ ex veteribus medicinæ tetrabiblos, reprise d'une édition bâloise de Janus Cornarius, en 1543 ; à Lyon en 1549 et 1560, à Paris en 1567 (dans l'édition des " Artis medicæ principes " d'Henri Estienne).
Aetius d'Amide (qu'il ne faut pas confondre avec Aetius Sicanus, dont Galien s'est inspiré pour son De atra bile) est mort en 575.
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