Que prévoit le code déontologie pour aider le médecin face à la mort de ses patients ?
Dr François Stefani. La réalité du vécu des médecins face à la mort est prévue à travers l’article 38 qui dit que le médecin doit accompagner ses malades jusqu’à la mort. À travers l’article 37 qui prévoit le soulagement des douleurs et qui interdit l’acharnement thérapeutique, ce qu’on appelle l’obstination déraisonnable. Et aussi en ce qui concerne l’annonce, à travers l’article 35. Le médecin peut cacher un pronostic fatal à son patient mais il doit, dans la mesure où ce dernier ne s’y est pas opposé, en informer les proches pour l’aider dans le suivi de ce patient jusqu’à la mort.
La loi Kouchner ne fait-elle pas obligation d’information ? Le généraliste qui ne le fait pas ne risque aucune sanction ?
Dr F. S. Non justement, les termes de la loi Kouchner reprennent ceux de l’article 35, c’est-à-dire que le médecin peut, dans un esprit humanitaire cacher un pronostic fatal. Si on doit donner tous les éléments d’une information claire loyale et compréhensible, jusqu’à quel point peut-on dire à un patient: «vous êtes condamné» ? Je dirais que c’est un peu une question de feeling entre le médecin et son patient. Il y aura sans doute un moment où on sera amené à le dire, mais ce n’est pas obligatoire. Sauf, bien sûr, si le patient le demande expressément.
Dr F. S. Le certificat de décès est un acte administratif, mais aussi un acte d’état civil important, qui met vraiment en jeu la responsabilité du médecin. Il faut donc qu’il fasse très attention à ce qu’il écrit. Quand on ne connaît pas le patient, il est impératif de faire un examen du corps. Et surtout ne pas écrire ce qu’on ne sait pas. Le diagnostic post-mortem quand on n’a pas de suspicion d’un véritable obstacle médico-légal à l’inhumation est compliqué, mais faire un diagnostic post-mortem et aller jusqu’à une demande d’autopsie est très difficile vis-à-vis de la famille.
Que doit faire un généraliste face à une demande d’euthanasie ?
Dr F. S. La position du conseil de l’Ordre est claire. On ne peut pas répondre à la demande d’euthanasie d’un patient par une euthanasie véritable. D’ailleurs, les demandes d’euthanasie, qui sont une réalité, restent relativement rares, et sans doute ne sait-on pas encore suffisamment manier les thérapeutiques sédations anxiolytiques. Le jour où un médecin est conduit à une euthanasie il sera éventuellement amené à s’en expliquer et devra présenter des arguments pour démontrer qu’il ne pouvait pas faire autrement, qu’il était dans ce qu’on appelle un état de nécessité. Mais je rappelle que la demande d’euthanasie est le plus souvent non pas une demande de fin de vie, mais une demande de soulagement et d’accompagnement.
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