ILS SONT quatre, quatre chevaux que les amis du théâtre équestre Zingaro et de l’Académie équestre de Versailles connaissent bien. Horizonte, Soutine, Pollock, le Tintoret. Ils sont deux, deux artistes qui sont des maîtres dans la forme d’expression principale qu’ils ont choisie. Ko Murobushi, japonais, danseur de butô, danse des « ténèbres » née après la guerre et le désastre d’Hiroshima, et Bartabas, fondateur de Zingaro, artiste qui a prouvé, avec « Entr’aperçu » au Châtelet ou encore « les Levers de soleil », que l’art équestre peut conduire aux frontières du monde sensible. On traverse les apparences.
Dans ce nouveau spectacle, il y a aussi, en scène, accompagnant la représentation, Raveendran Paringaden et sa particulière musique. Et, off, Jean-Luc Debatisse qui lit des extraits des « Chants de Maldoror », de Lautréamont. Les plus savants sauront qu’un des morts d’Isidore Ducasse est parfois remplacé par le mot « cheval ».
Bartabas a toujours dit qu’il voulait aller du côté de la danse. Il avait des projets avec Pina Bausch et dans certains de ses spectacles, celui avec Pierre Boulez, notamment, on voyait clairement cette tentation de devenir un pur esprit, corps émacié jusqu’à la transparence, paroles des poètes pour porter les images comme dans « Entr’aperçu ».
Ici, c’est un tout nouveau chemin que Bartabas emprunte et il réussit à nous subjuguer immédiatement. Impossible de raconter « le Centaure et l’Animal », qui joue sur ce que l’on croit voir, sur ce que l’on entend, sur une lenteur, sur des images qui se répètent et d’autres, uniques, qui sont plantées dans vos rétines comme des flèches en plein cœur. Ko Murobushi se fond dans ce projet. Son corps, d’une souplesse irréelle, sa présence, magnétique et mystérieuse, apportent au spectacle l’étrange supplément d’un « personnage » venu d’autres mondes. Bartabas, lui, avec ses chevaux, à leurs pieds ou en selle, travaille sur cet « entr’aperçu » qui nous conduit sur des chemins de crête. Les mots du poète nous enveloppent. On n’est pas sûr d’avoir vu ce que l’on a vu (un centaure, bien sûr) et longtemps on songe… en songe et dans la réalité, à ce rêve hors du temps qui nous conduit vers la dissolution dans la nuit…
Théâtre national de Chaillot (tél. 01.53.65.30.00, www.theatre-chaillot.fr), jusqu’au 23 décembre, à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 15 h 30, relâche le lundi et les 9 et 16 décembre. Puis à La Coursive de La Rochelle du 7 au 12 janvier et à Londres, Sadler’s Wells, du 1er au 6 mars .
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