Livres
S'il est célèbre, le nom de Brontë n'évoque en général que « les Hauts de Hurlevent », d'Emily Brontë, et « Jane Eyre », de sa sur Charlotte. C'est oublier que les deux jeunes filles ont écrit d'autres romans, de même que leur sur Anne et leur frère Branwell. La publication en trois volumes dans la Pléiade des uvres de la fratrie Brontë, en commençant par les romans de leur maturité, permet de découvrir un formidable quatuor d'auteurs - et de mettre un terme à bien des idées reçues sur cette famille exceptionnelle sur laquelle régnait le père, le révérend Patrick Brontë.
L'initiative, orchestrée par Dominique Jean, de réunir ainsi, un siècle et demi après leur mort, un ensemble de textes qui, sans prétendre constituer des « uvres complètes », offre, dans une traduction nouvelle, l'intégralité des grands textes et un choix représentatif des écrits de jeunesse des Brontë, est particulièrement intéressante. Car il ne faut pas oublier qu'en leur temps les romans de Charlotte, Emily et Anne ont choqué le public et révolutionné le genre romanesque anglais, tandis que les poèmes du frère, qui n'ont pas trouvé d'éditeur, témoignent d'une force exceptionnelle.
Ce premier volume comprend les premiers romans rédigés à l'âge adulte par chacune des trois surs : « Wuthering Heights », d'Emily - qui fut publié un an seulement avant sa mort qui survint en 1848, en même temps que « Agnes Grey », d'Anne, qui, elle, mourut en 1849 ; on y trouve également « le Professeur », de Charlotte - publié deux ans après la disparition de la jeune femme, en 1855, victime comme ses surs de la tuberculose -, ainsi que le second roman d'Anne, « la Locataire de Wildfell Hall », paru en 1848.
Le deuxième volume comprendra une sélection de leurs uvres de jeunesse, rédigées dans la solitude du presbytère de Haworth, dans le Yorkshire, où elles s'inventent des mondes imaginaires et écrivent ainsi, ensemble ou séparément, sous pseudonyme et pseudonyme de pseudonyme, des romans d' heroic fantasy avant l'heure. Quant au troisième volume, il sera consacré à Charlotte, la plus grande écrivaine de la fratrie, avec les deux romans qu'elle publia après la mort de ses frère et surs, « Shirley » et « Villette », et à certains autres romans inachevés.
Cette édition de la Pléiade permet également de réhabiliter leur père qui, contrairement au mythe transmis depuis un siècle et demi, n'était pas un tyran illettré mais un homme cultivé, auteur lui-même d'ouvrages philosophiques et politiques, qui n'empêcha jamais ses enfants de s'exprimer. La légende vient de ce qu'en 1855, l'année de la mort de Charlotte qui, bien que reconnue, vivait toujours auprès de lui au presbytère, le pasteur demanda à une certaine Elizabeth Gaskell d'écrire la biographie de sa fille ; il en résulta un livre bourré d'erreurs et d'inventions !
« Brontë. "Wuthering Heights" et autres romans (1847-1848), sous la direction de Dominique Jean. Editions Gallimard-La Pléiade, 1 440 p., 49,90 euros jusqu'au 31 décembre 2002 (puis 57,50 euros).
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