« En juillet 54, le sexe était le grand soupçon de la société qui envoyait des signes partout : le bikini, la mixité, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan...» Cette remarque pertinente est prononcée par la comédienne Agathe Molière dans la pièce Les années jouée actuellement au théâtre 71 de Malakoff. Elle provient surtout du livre éponyme remarquable d'Annie Ernaux paru en 2008. Celui-ci retrace la vie de l'auteure née en 1940 jusqu'à 1968 et la légalisation de l'avortement. Ce sujet encore délicat à aborder en famille et dans la société est le fil rouge de l'histoire. Pis, Annie Ernaux nous montre comment la société d'après-guerre et même des années soixante était encore corsetée : « La loi de l'Eglise l'emportait sur toutes les autres. La religion conférait la dignité humaine et représentait le cadre officiel de la vie qui réglait le temps. » Mais tout n'était pas sombre. Le progrès sous toutes ses formes entrait dans les foyers. La musique d'Elvis Presley, des Beatles et de Bill Haley passait en boucle. Et les discussions interminables entre copines adoucissaient « la lourdeur du vivant ». Mais malgré la méthode Ogino, souvent l'irréversible se produisait. Enceinte, la femme se mariait et rentrait dans le rang familial, celui des parents, du travail, des tâches quotidiennes et des conventions. « Je n'ai plus d'idée du tout, je suis une petite bourgeoise arrivée », écrit l'auteure dans son journal intime une fois bien installée. Et puis, l'impensable arrive : mai 68. « Ils nous vengeaient de toute la contention vécue à l'adolescence. Tout allait dans le sens d'une intelligence nouvelle et d'une transformation du monde. 1968 était la première année du monde... » La loi légalisant l'avortement serait-elle l'aboutissement d'une vie et d'un combat ? Ou seulement le début d'une nouvelle ère bien plus prometteuse ?
Théâtre 71 de Malakoff, jusqu'au samedi 19 novembre 2016, vendredi à 20H30, jeudi et samedi à 19H30. Adaptation et mise en scène Jeanne Champagne.
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