La France est loin d'en avoir fini avec le coronavirus. Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai, le Pr Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique chargé d'éclairer le gouvernement sur cette crise sanitaire, s'est de nouveau montré vigilant. « Nous devons nous préparer à un rebond du virus à l'automne », déclare-t-il dans une récente interview au quotidien italien La Republicca.
Invité à s'exprimer sur l'évolution de la pandémie de coronavirus, le Pr Delfraissy a fait part d'une certitude : « L'épidémie recommencera à courir. Et nous devrons être prêts, contrairement à ce qui s'est passé la première fois. » D'autant que « nous sommes très loin d'une immunité naturelle de la population », ajoute l'immunologue dans cet entretien très éclairant. « Dans les zones les plus touchées par l'épidémie, nous constatons que l'immunité est d'environ 10 %. C'est beaucoup moins que ce que nous avons attendu et espéré. »
Le risque de récidive pas écarté
Le Pr Delfraissy est d'autant plus inquiet que « la durée de vie des anticorps protecteurs contre Covid-19 est très courte. [...] Et nous voyons de plus en plus de cas de récidives chez des personnes qui ont déjà eu une première infection. »
Ce mercredi, auditionné par la commission des lois du Sénat, l'immunologue a indiqué que plusieurs conditions devraient être remplies pour que le confinement puisse être assoupli sur la base des annonces du chef de l'État (réouverture progressive des écoles et crèches et reprise du travail à partir du 11 mai).
Plusieurs prérequis pour réussir le déconfinement
Parmi ces « prérequis opérationnels et techniques », il a cité la disponibilité d'un nombre de tests de dépistage du virus suffisant et la mise en place d'un système de traçage des contacts des nouveaux cas identifiés. Devant le quotidien italien, il avait également évoqué les masques dont le chef de l'État souhaiterait pouvoir équiper tous les Français. « Je suis extrêmement clair : si on n'a pas les prérequis il faut rester confinés et s'il faut retarder de quelques jours parce qu'on n'est pas prêt, il faudra retarder de quelques jours », a insisté le président du conseil scientifique.
Le Pr Delfraissy a précisé devant la commission sénatoriale que dix-huit millions de personnes à risque devraient rester confinées après le 11 mai, parmi lesquelles, les Français âgés de plus de « 65 ou de 70 ans », les personnes ayant des affections de longue durée, mais aussi « des sujets jeunes ayant une pathologie, mais aussi obèses ».
Ch. G. avec AFP
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