Décision Santé. L’accès à l’innovation en cancérologie pose-t-elle problème aux pharmaciens ?
Dr Vincent Launay-Vacher. Oui, mais uniquement sur le plan clinique. Cela concerne tout particulièrement la pertinence des prescriptions hors AMM, hors ATU et en dehors d’un essai clinique, qui représentent 5 à 10 % des cas. Nous manquons d’outil d’évaluation.
D. S. Que préconisez-vous ?
Dr V. L.-V. Nous avons mis en place un groupe de réflexion réunissant des pharmaciens de neuf établissements1 afin de définir une méthodologie commune. Il s’agit d’une grille d’évaluation qui serait utilisée par les pharmaciens et les médecins lors des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP).
D. S. Quelle forme prendra cette grille d’évaluation ?
Dr V. L.-V. Nous avons défini quatre niveaux pour mesurer la pertinence de l’innovation : clinique – médicament dans une pathologie pour laquelle il n’y avait pas de traitement ou encore proposant des bénéfices cliniques non atteints avec les précédents ; pharmacologique – nouvel agent pharmacologique ou encore nouveau mécanisme d’action ; galénique – nouveau conditionnement facilitant l’observance ou encore nouvelle formulation permettant d’améliorer la sécurité ou la biodisponibilité ; les innovations technologiques – celles mises en œuvre par l’industrie pharmaceutique pour réduire les coûts de fabrication ou encore renforcer la qualité d’un médicament.
D. S. Comment sera-t-elle utilisée ?
Dr V. L.-V. Avec les médecins, nous allons coter ces prescriptions non encadrées, en tenant compte des contextes spécifiques : âge du patient, comorbidités, échecs thérapeutiques avec l’arsenal réglementaire, etc. Cela sera pondéré par le bénéfice thérapeutique. Seules les prescriptions évaluées avec un score APA (accès à une prescription anticancéreuse) élevé seront considérées comme justifiées.
D. S. Quel est votre calendrier ?
Dr V. L.-V. Fin 2011, nous allons tester le modèle mathématique auprès des neuf établissements participant à l’expérimentation. Fin 2012, nous lancerons une étude nationale prospective et multicentrique, en y incluant notamment des cliniques. Cet outil sera couplé à une base de données nationale permettant d’harmoniser les pratiques entre établissements.
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