Selon le maire de Saint-Martin-de-Valamas, Roland Veuillens, par ailleurs conseiller général, la perception de ce chef-lieu de canton doit fermer le 31 décembre 2005, et la classe unique de l'école d'une commune voisine pourrait en faire autant dès la rentrée 2005-2006. En outre, le canton ne dispose plus que d'un médecin pour une population rurale de 3 500 habitants, contre trois médecins il y a peu.
Autant de raisons qui ont poussé les onze maires du canton à brandir la menace d'une grève administrative le 29 mai prochain, date du référendum pour la ratification de la Constitution européenne. Le maire de Saint-Martin-de-Valamas, Roland Veuillens, assure que son objectif n'est nullement d'empêcher le bon déroulement du scrutin, mais « d'attirer l'attention sur la disparition des services publics et de l'offre de soins ».
En effet, il a tenté plusieurs fois d'alerter la préfecture sur la disparition de l'offre de soins dans son canton, mais le préfet lui aurait répondu qu'on ne peut « forcer une profession libérale à s'installer là où elle ne veut pas aller ». Roland Veuillens se démène donc comme un beau diable et cherche des solutions : « Nous envisageons de subventionner la création d'une maison médicale dans le canton. Si nous pouvons y attirer deux ou trois médecins de la région qui pourraient venir y exercer à temps partiel, comme s'il s'agissait pour eux d'un cabinet secondaire, le problème serait à peu près réglé. » Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, car le chemin de la création d'une maison médicale est semé d'embûches, et encore faudrait-il que des médecins acceptent de venir y exercer. De plus, le problème ne se limite pas au recrutement de médecins généralistes libéraux : à la maison de retraite de Saint-Martin-de-Valamas, il devient en effet presque impossible d'embaucher des infirmières, même chose pour l'hôpital local qui peine de plus en plus à trouver un pédiatre.
Quant au scrutin du 29 mai, Roland Veuillens n'est guère inquiet à son sujet : « Nous nous attendons à être réquisitionnés pour le scrutin sur le référendum. Quoi qu'il en soit, nous ne souhaitons pas faire d'obstruction et nous allons préparer les bureaux de vote pour qu'ils soient prêts le 29 mai à 8 heures du matin. »
De 8 heures à 22 heures.
De son côté, le Dr Christian Berly, seul généraliste encore installé à Saint-Martin-de-Valamas, s'avoue « désabusé » : devant l'ampleur de mon travail, j'ai écrit à Philippe Douste-Blazy pour l'informer de la situation dans le canton et lui dire que seule un maison médicale pourrait éviter la désertification médicale totale du canton. Il m'a fait répondre que mon courrier était transmis à l'Urcam. Depuis, je n'ai aucune nouvelle ». Car du travail, le Dr Berly en a : selon lui, il exerce en moyenne 14 heures par jour, et comme il est le seul médecin libéral du canton, il est membre du conseil d'administration de l'hôpital local ainsi que de la maison de retraite, pour laquelle il est également médecin coordonateur. Si bien qu'il quitte son domicile chaque matin avant 8 heures pour n'y revenir qu'après 22 heures, quand il n'est pas de garde. La permanence des soins est en effet une réalité quotidienne pour les médecins exerçant en zones rurales : le Dr Berly est de garde trois nuits par semaine, et un week-end entier sur deux. Les autres gardes sont effectuées par un médecin remplaçant, mais qui doit partir à la fin de l'été. « L'activité d'un médecin rural, constate le Dr Berly, c'est vraiment passionnant mais ce n'est plus dans les mœurs. » De plus, comme il le fait lui-même remarquer, l'exercice à la campagne n'est pas aussi rentable qu'en ville : « Pour les visites, notamment en hiver, j'ai dû m'équiper d'un 4x4, car il me serait impossible d'emprunter certaines routes avec une voiture normale lors de mes visites hivernales. J'ai dû également acheter un équipement d'urgentiste, car un médecin généraliste de campagne doit pouvoir assurer les urgences. Enfin, j'ai dû contracter une assurance spéciale pour mes interventions avec les pompiers ainsi que pour les poses de stérilet qu'il m'arrive souvent d'effectuer. » Le Dr Berly estime que plus de la moitié de son chiffre d'affaires part en charges et en frais divers.
Malgré tout, il semble avoir la vocation chevillée au corps : « Ma femme souhaiterait que je travaille moins. Moi, je me vois mal dévisser ma plaque. Mais il est vrai que je ne peux pas continuer comme ça. »
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