Petit miracle

Le cinéma français produit parfois des petits miracles. Chante ton bac appartient à cette catégorie. Au départ, le sujet ne provoque pas d'emblée la curiosité. Suivre pendant l'année du bac une bande de copains à Boulogne sur mer ne relève pas d'une folle originalité. À l'arrivée, on est séduit, ému par ces lycéens bousculant leurs parents qui vivent dans la crise depuis leur naissance et doivent pourtant inventer leur futur. Comment avancer dans le brouillard et trouver sa voie ? La séduction du film n'est pas seulement liée à l'enregistrement de cette fragilité, de cette quête de sens. Elle est portée par la sensibilité du réalisateur qui capte avec justesse la confusion des sentiments et des envies projetées par ses jeunes héros. Elle s'explique aussi par l'effacement des frontières entre fiction et documentaire. Le film est en effet ponctué par des chansons écrites par le cinéaste et interprétées par les jeunes, moments de grâce où le quotidien prend la pause, où chacun le temps d'une chanson devient artiste. L'image est par ailleurs toujours soignée et belle. Elle échappe au reportage d'actu. Et transmet à chaque spectateur dans cette ville de port ouverte sur le large l'envie d'un (nouveau?) départ. Petit miracle de l'adolescence et du film...