LES PUBLICATIONS scientifiquement fondées indiquant que l'on n'utilise pas l'intégralité de ses aptitudes mentales et intellectuelles sont de plus en plus nombreuses. Elles montrent aussi que, contrairement à ce que l'on croyait jusqu'à une date récente, le cerveau conserve une plasticité tout au long de son existence, y compris jusqu'à un âge avancé. De nouvelles populations de neurones peuvent apparaître en réponse à de nouvelles stimulations, intéressant des zones restées en quelque sorte quiescentes.
Des techniques de stimulation des facultés intellectuelles sont mises en œuvre. Elles ne promettent pas l'acquisition d'une intelligence qui serait défectueuse, mais une utilisation plus rationnelle de capacités cérébrales présentes.
Une démarche en quatre étapes.
L'une d'elles, créée par Monique Le Poncin (docteur ès sciences en neurophysiologie et psychologue) et intitulée « programmation neuro-mnésique et cognitive » (Pnmc), s'appuie sur l'amélioration de la mémoire, de l'attention, de la perception et de l'utilisation des acquisitions*. Elle intègre une méthode « calquée sur le modèle neurophysiologique, c'est-à-dire sur le mode de fonctionnement du cerveau ».
Pour que le cerveau traite le mieux possible les données nouvelles et celles dont il dispose déjà, la démarche la plus rationnelle est d'apprendre à capturer, ranger hiérarchiser et réutiliser les informations pertinentes. Pour cela, une démarche en quatre étapes est nécessaire.
- Apprendre à développer la perception : écouter, regarder, sans se laisser distraire. On intègre un principe : on ne peut suivre deux objectifs prioritaires à la fois. Une notion fondamentale pour capturer l'essentiel du contenu de nouvelles informations, quelles qu'elles soient.
- Améliorer le traitement de l'information. On apprend à placer l'information prioritaire et les éléments qui s'y rattachent en hiérarchisant leurs importances relatives et les liens qui les rattachent. Les exercices consistent à les placer sur une sorte d'arbre décisionnel. C'est lui qui est calqué sur le modèle neurophysiologique.
- Organiser l'entrée de la connaissance d'une façon logique : on apprend à la personne à apprendre. C'est l'étape mémoire, une étape fondamentale. La mémoire et l'intelligence vont de pair : il n'y a pas de bonne utilisation des fonctions mentales sans l'accès à la mémoire. Et plus l'accès à l'information enregistrée est rapide et pertinent, plus l'intelligence peut se manifester de manière efficace. On apprend à construire volontairement un souvenir, en se fondant sur des principes de classement, d'association, de division des informations : il est plus facile de construire et de retrouver des blocs de petite taille que des grands pans de souvenirs. Par exemple, pour se souvenir d'une quinzaine de mots apparemment sans lien, on apprend à les diviser en trois blocs, puis à construire une histoire dans chacun des blocs qui relient les mots entre eux. Chacun est invité à découvrir sa « personnalité cognitive et mnésique ». Ce qui veut dire qu'il existe plusieurs manières d'encoder une information : visuelle, acoustique, sémantique. De même, la façon de construire une représentation mentale diffère d'une personne à l'autre : on peut utiliser une représentation topographique, une action, un mouvement, un son, un rythme, ajouter une sensation, une odeur, une couleur... La mémorisation est consolidée par trois rappels de l'information avec une répétition active de la représentation mentale. L'un des trois rappels doit être fait par visualisation.
Lorsque aucune maladie n'a endommagé le cerveau, il est toujours possible de révéler le potentiel mémoriel d'une personne et donc d'optimiser sa mémoire.
- La dernière étape est celle du transfert des connaissances aux autres. Autrement dit, on fait apprendre à mieux communiquer (exposés, tests vidéo en s'aidant d'une fiche où on a hiérarchisé l'information).
Toutes les étapes sont acquises à travers une prise de conscience puis un entraînement par des exercices-jeux. Par exemple, on apprend à éviter les oublis de noms propres. On place le nom d'une personne à la tête et à la fin d'un schéma qui l'associe aux caractéristiques de la personne, aux liens qui existent avec cette personne.
Un besoin grandissant.
« Depuis quatre à cinq ans, souligne Monique Le Poncin, la plus grande part des personnes qui sont demandeuses de méthodes d'éducation de l'intelligence sont bien portantes au niveau cérébral. Il existe un besoin important chez les 34 à 40 ans, qui sont pressurés par le système. On voit maintenant plus fréquemment des cas de burn-out, des syndromes d'épuisement avec dépression. La demande de performance est très corrélée à la pression du temps. »
L'intelligence de ces sujets est intacte, mais les tests montrent que, souvent, ils n'utilisent pas plus de 50 % de leur capital de mémorisation. Ce sont aussi souvent des personnes qui s'hyperspécialisent dans un domaine et mettent en sommeil des zones du cerveau.
Cette méthode d'amélioration de la mémoire a commencé à être appliquée il y a vingt-deux ans, à la création de la consultation de détection de la maladie d'Alzheimer à Bicêtre en 1984. Elle est applicable chez des personnes souffrant de maladie d'Alzheimer au début de l'évolution. S'il n'est pas possible de réacquérir un territoire détérioré, on peut optimiser le potentiel sain. On ne renverse pas le cours de la maladie, mais on peut espérer prolonger l'autonomie fonctionnelle.
« La méthode de Pnmc permet de faire prendre conscience du capital intelligence, de montrer comment utiliser cette intelligence, de la rentabiliser, de la dynamiser », résume Monique Le Poncin.
* La méthode est expliquée dans l'ouvrage de Monique Le Poncin, « Gym intelligence », Editions du Rocher.
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