De notre correspondante
PLUS D’UNE QUARANTAINE d’organisations de solidarité internationale en Provence se sont rassemblées à l’hôpital d’enfants de la Timone pour réfléchir à la notion d’engagement des personnels de santé dans les actions humanitaires. Cette journée de réflexion à l’initative du Cesh était destinée essentiellement aux jeunes étudiants des filières de santé. «Nous souhaitions faire le point avec eux sur ce qu’ils peuvent espérer dans leur demande d’humanitaire, assure le Pr Claude Gras, directeur du Cesh. Leur présenter les enjeux actuels et les perspectives de ceux qui veulent en faire un métier.»
Les CV s’empilent sur les bureaux des ressources humaines des organisations humanitaires. Les responsables de grosses organisations comme Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, Santé Sud, la Croix-Rouge, mais aussi de certaines ONG à taille plus réduite, comme Sourires d’ailleurs, sont intervenus pour rappeler qu’aujourd’hui l’action humanitaire a changé et réclame toujours plus de professionnalisme et de formation spécifique. Bien loin semble le temps où l’on partait, sac au dos, nanti d’une simple brosse à dents. «Aujourd’hui, on ne recrute que des professionnels et qui réfléchissent précisément au sens de leur engagement. Il faut qu’ils maîtrisent leur art en France, mais qu’ils sachent aussi s’adapter aux situations de crise.» C’est ainsi que sont proposées aujourd’hui des formations complémentaires aux formations initiales relevant d’un métier, permettant une meilleure connaissance du milieu qui reçoit et l’adaptation aux situations existantes. «Ceux qui s’engagent doivent posséder une ouverture d’esprit permanente et être polycompétents, rappelle Claire Pirotte, médecin et cofondatrice du groupe URD (Urgence réhabilitation développement). Au départ, l’action humanitaire travaillait sur l’urgence et la survie, aujourd’hui on est plutôt sur l’accès aux médicaments essentiels pour tous et la création de labos de recherche pour maladies négligées. Les métiers humanitaires doivent avoir une entrée technique et concernent, au-delà des professions médicales, des gestionnaires, des urbanistes, des juristes, des spécialistes de la communication, des logisticiens, etc. Les masters deviennent très pointus pour apporter une formation polyvalente adaptée au contexte. Les situations sont devenues tellement complexes qu’on doit sans cesse replacer le bénéficiaire et son environnement au centre du diagnostic et essayer de faire en sorte que les bénéficiaires eux-mêmes reprennent ces actions. C’est la seule voie possible.» De multiples formations sont proposées aujourd’hui en France pour se spécialiser dans l’humanitaire.
Le Centre européen de santé humanitaire
Le Cesh, basé à Lyon, est un centre de formation et de recherche dans le domaine de la santé humanitaire. Il a été créé en 2000 à l’initiative de Charles Mérieux. Sa principale mission est de préparer, former et rendre plus efficaces ceux qui interviennent sur le terrain. Outre le siège central situé à Lyon, le Cesh a deux autres sites, à Marseille et à Montpellier.
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