> Théâtre
ON DESCEND dans la petite salle du théâtre Molière par un escalier étroit. Dans cette salle aux murs de pierre blonde, il y a des humeurs secrètes qui conviennent à la voix des poètes.
Un écran, un grand écran dans lequel, au milieu, un panneau pivote, comme une porte. On s'en servira souvent dans ce spectacle bref, dense et très puissant. Balazs Gera, qui en signe la mise en scène, appuie la représentation sur un travail de l'image très impressionnant. Des archives qui donnent une ampleur d'épopée à cette célébration intime. On est entre deux ordres, et déchiré.
Métaphore de la vie de Marina Tsvétaïeva dont on entend ici les lettres, les poèmes et en particulier tous les textes qu'elle adresse à Rainer Maria Rilke ou Boris Pasternak. Un montage signé Zéno Bianu. Deux interprètes, comédiens majeurs, Claude Levêque, grand, tenu, tendu, sobre, Evelyne Istria, plus petite, nerveuse, expressive, forte et vulnérable. L'un des recueils de poèmes s'intitule « Le ciel brûle », et ici c'est le monde et les âmes qui brûlent.
La réalisation audiovisuelle de Dominique Thiel apporte beaucoup à ce moment très précieux. Peut-être, au fil du temps, faudra-t-il faire attention aux moments où, soudain, l'emportement tragique conduit Évelyne Istria, sous la férule du metteur en scène, à hausser le ton. Dans ce petit espace, on n'a pas toujours besoin de cet emportement qui est dans les mots comme dans les images du réel qui se succèdent en un flot ininterrompu. Mais en même temps, tout est exact dans les variations des interprètes, du silence au paroxysme.
On joue avec l'écran, les lumières. Va et vient, jeu des projections. Transparences, apparitions, disparitions. Voix off, seuls, ensemble. C'est comme une pièce musicale. Pas loin de la perfection.
On touche aux secrets de cette femme bouleversante que fut Marina Tsvétaïeva. On sort troublé par la proximité. Comme si on s'était retrouvé vers 1926, juste au moment où trois êtres humains plus lucides et douloureux que bien d'autres, et malmenés par l'Histoire, se parlent à travers des lettres, des écrits. Il y a elle, Marina Tsvétaïeva, mais aussi Rilke et Pasternak.
Maison de la poésie-Théâtre Molière, les mercredi et samedi à 19 h, les jeudi et vendredi à 20 h 30, le dimanche à 17 h (01.44.54.53.00). Jusqu'au 29 mai.
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