De nombreuses recommandations pour le diagnostic et la prise en charge du reflux gastro-oesophagien ont été publiées dans différents pays, mais il manquait une définition universelle de ses symptômes et de ses complications.
LE DIAGNOSTIC du reflux gastro-oesophagien (RGO) repose sur les symptômes connus, mais il n’y a pas de consensus pour le distinguer de la dyspepsie, ce qui peut être source de confusion, et il existe aussi des incertitudes sur les symptômes extra-oesophagiens (toux, asthme, enrouement) et de très nombreux troubles extra-oesophagiens présumés entraînant soit un sous-diagnostic, soit un surdiagnostic de l’affection. Enfin, la définition de l’oesophage de Barrett varie dans différents pays, ce qui peut avoir des répercussions sur l’évaluation du risque et des mesures appropriées de surveillance.
Un groupe international d’experts s’est fixé pour objectif de développer, avec une méthodologie rigoureuse, une définition globale et une classification du RGO qui pourraient être utiles aux patients, aux cliniciens et aux autorités de santé. En pratique, ce projet a été réalisé par étapes et a demandé deux ans de travail, d’octobre 2003 à juin 2005, avec la participation de 44 experts de 18 pays. Les propositions étaient soumises au vote et le consensus final a été adopté en juin 2005. Le RGO se développe quand le reflux du contenu gastrique provoque des symptômes gênants et/ou des complications.
Une classification en syndromes. Le RGO est défini comme une entité morbide caractérisée habituellement par au moins deux des critères suivants : la connaissance d’agent(s) étiologique(s), un ensemble de symptômes identifiables, des lésions anatomiques patentes. La classification des symptômes est désormais présentée sous forme de syndromes : un syndrome oesophagien composé lui-même d’un syndrome symptomatique (brûlures rétrosternales, régurgitations acides) et d’un syndrome avec atteinte oesophagienne (oesophagite, oesophage de Barrett, adénocarcinome oesophagien) et un syndrome extra-oesophagien avec des associations établies (toux, laryngite, asthme, érosion dentaire) et des associations proposées (pharyngite, sinusite, fibrose pulmonaire idiopathique, otite récidivante). Cette nouvelle définition et cette nouvelle classification facilitent le diagnostic de RGO qui peut être posé sur la symptomatologie seule. Elles facilitent également le diagnostic de l’oesophage de Barrett et aident à la prise en charge des patients avec une toux ou un enrouement liés au RGO. Le RGO est une affection chronique, qui a un retentissement sur la qualité de vie des patients. Le RGO Impact Scale est un questionnaire validé qui permet au praticien de choisir le traitement adapté à chaque patient, fondé sur la fréquence et l’impact des troubles. Il aide les patients à informer le praticien sur le retentissement du RGO sur leur sommeil, leurs activités physiques et socioprofessionnelles. Sans ce questionnaire, la plupart des patients ne fourniraient pas ces informations.
Sur le plan thérapeutique, les inhibiteurs de la pompe à protons sont reconnus pour être les plus efficaces dans le traitement du RGO. Dans l’oesophagite érosive par reflux, l’ésoméprazole (Inexium‚ Laboratoires AstraZeneca) est administré à la posologie de 40 mg, une fois par jour, pendant quatre semaines. Un traitement supplémentaire de quatre semaines est recommandé chez les patients dont l’oesophagite n’est pas cicatrisée, ou dont les symptômes persistent. Dans le traitement symptomatique du RGO sans oesophagite, l’ésoméprazole est indiqué à la posologie de 20 mg par jour pendant quatre semaines. Après résolution des symptômes, l’ésoméprazole (20 mg), administré à la demande, en fonction des besoins, permet de contrôler les rechutes symptomatiques.
D’après la conférence de presse organisée par les Laboratoires AstraZeneca avec la participation du Pr Marc-André Bigard.
Une prévalence variable selon les régions
Les études de population suggèrent que le reflux gastro-oesophagien est un trouble fréquent, avec une prévalence de 10 à 20 % dans les pays occidentaux d’Europe et d’Amérique du Nord. Les taux de prévalence en Amérique du Sud (10 %) et en Turquie (11 %) sont équivalents à ceux des pays européens.
En Asie, les données rapportées sont disparates, mais les chiffres sont généralement plus faibles. Selon Chen et al. (1), le pourcentage de sujets ayant des régurgitations acides ou des brulûres rétrosternales au moins une fois par semaine atteint 6,2 %, alors que pour Wong et al. (2), il est nettement plus faible (2,3 %).
Selon une étude longitudinale menée à Singapour, la prévalence du RGO dans la population est en augmentation, de 5,5 % en 1994, elle est passée à 10,5 % en 1999 (3).
Il y a peu d’études de population disponibles concernant l’Afrique, mais certaines données suggèrent que le RGO et ses complications sont rares en Afrique sub-saharienne (4).
(1) Chen M, et al., Scand J Gastroenterol 2005;40(7):759-67.
(2) Wong WM, et al.,. Aliment Pharmacol Ther 2003;18:595-604.
(3) Lim SL, et al., J Gastroenterol Hepatol 2005;20:995-1001.
(4) Segal I. Eur J Cancer Prev 2001;10:209-12.
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