L'ALERTE a été donnée en début de semaine dernière. C'est la première de cette ampleur depuis le début de l'année 2005. « Plusieurs épisodes de cas groupés ont déjà été signalés sur tout le territoire national, mais c'est la première fois que sont signalés autant de cas », confirme Didier Che, de l'Institut de veille sanitaire. Trois jours après l'alerte donnée par les autorités locales de la région lyonnaise, plus d'une dizaine de cas avaient été déjà recensés : « Douze cas de légionellose en quelques jours à Lyon, cela signe clairement la survenue d'une épidémie. Il y en a forcément d'autres », a alors déclaré le Pr Jérôme Etienne, directeur du Centre de référence de la légionellose (Cnrl). Ces cas signalés depuis le 28 avril étaient essentiellement domiciliés dans la partie nord-est de l'agglomération lyonnaise : 8 hommes et 4 femmes âgés de 48 à 86 ans ont dû être hospitalisés, dont un en réanimation.
Cellule de crise.
L'alerte a été donnée et, comme cela est prévu dans un tel cas, une cellule de crise a été mise en place et des investigations ont rapidement été lancées : environnementales, microbiologiques et épidémiologiques. « Nous recherchons les cas sur l'ensemble du territoire où les cas ont été signalés, auprès des hôpitaux et des laboratoires, afin de les comptabiliser et de les interroger. Nous essayons de récupérer les souches de légionelles pour les comparer entre elles. Le recueil des données environnementales permet de déterminer s'il y a une source commune de contamination ou plusieurs et mettre en place les mesures pour limiter le nombre de cas », explique Didier Che, de l'Institut de veille sanitaire.
La surveillance de la légionellose est fondée, depuis 1987, sur le système de la déclaration obligatoire. L'information est donc centralisée à l'InVS, mais c'est son antenne régionale, la Cire (cellule interdépartementale et régionale d'épidémiologie) de Lyon, qui est chargée de coordonner l'action de l'ensemble des partenaires : Ddass, préfecture, Cnrl et Drire (direction régionale de l'industrie et de l'environnement), DSV (Direction des services vétérinaires) et Drccrf (direction régionale de la répression de la concurrence, la consommation et la répression des fraudes).
Dès le début de l'alerte, les médecins de la zone nord-est ont été avertis individuellement par téléphone. Les services médicaux d'urgence et les médecins libéraux sont appelés à une plus grande vigilance sur les éventuels cas à venir. « L'important est de diagnostiquer rapidement la maladie et de mettre rapidement une antibiothérapie adaptée », affirme encore le Pr Jérôme Etienne. Un dépistage précoce et une prescription rapide d'antibiotiques réduisent de façon significative la gravité de la maladie. La légionellose, qui se présente sous la forme d'un syndrome de type grippal (asthénie, fièvre, toux, troubles respiratoires et généraux), atteint, en effet, les personnes fragilisées (âge avancé, pathologies respiratoires chroniques, diabète, traitement immunosuppresseur).
Les enfants ne constituent pas une population à risque et l'affection « n'est pas contagieuse de personne à personne », indiquent les autorités sanitaires. Le mode de contamination étant essentiellement par inhalation, « chacun peut continuer à consommer l'eau du robinet, préparer la cuisine ou faire sa toilette sans modifier ses habitudes. Il n'y a pas de précaution particulière à prendre pour les activités extérieures », précisent-ils.
Trois jours après les cas lyonnais, plusieurs cas ont été signalés dans le sud du département de l'Ain, secteur géographique limitrophe du Rhône. Un bilan intermédiaire faisait déjà état d'une vingtaine de cas au total.
Les investigations se poursuivent. Si l'examen des tours aéroréfrigérantes du Rhône et de l'Ain ne devait pas donner de résultats, « d'autres sources de contamination liées à la dispersion des gouttelettes d'eau », comme les réseaux d'irrigation des zones maraîchères, seront à envisager. Les résultats devraient être connus dans une dizaine de jours.
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