LA DECOUVERTE de la pénicilline en 1940, puis, quelques années plus tard, de la streptomycine, suivie d'une mise sur le marché très rapide, a ouvert la voie au développement de plusieurs familles d'antibiotiques, chacune comportant de nombreuses molécules susceptibles de contrôler la plupart des infections bactériennes.
Rançon de leur succès : une consommation de plus en plus importante d'antibiotiques, dans de nombreux pays, dont la France, ce qui a abouti à une augmentation des résistances des germes pathogènes les plus fréquemment en cause dans les infections courantes.
Cette situation correspond à la conjonction de différents facteurs parmi lesquels :
- une prescription excessive, non raisonnée, en médecine de ville, notamment pour le traitement des infections respiratoires les plus courantes (bronchites, rhinopharyngites, angines, otites...) qui, bien souvent, ne sont pas bactériennes ;
- une mauvaise utilisation des antibiotiques (choix de molécules inadaptées, doses insuffisantes, trop longue durée de traitement) ;
- le non-respect des prescriptions par les patients qui ne conduisent pas leur traitement à terme, ce qui contribue également au développement de mécanismes de résistance.
Compte tenu de l'évolution des résistances bactériennes au cours de ces quinze dernières années, comme en témoigne l'augmentation très importante du taux de pneumocoques résistants aux bêtalactamines, qui est passé de 0,5 % en 1984 à plus de 50 % en 2002, promouvoir le bon usage des antibiotiques est un enjeu majeur.
Cette démarche passe par deux grands axes :
- Réaffirmer l'importance de bien confirmer l'origine bactérienne de l'infection avant toute prescription, en s'aidant de tous les moyens disponibles. L'utilisation de tests diagnostiques bactériologiques tels que celui disponible pour l'angine est une aide précieuse au diagnostic et à la décision thérapeutique.
Différentes études ont montré que si, devant une angine, les médecins utilisaient un test de diagnostic précoce, et soumettaient leur décision de traiter au résultat de ce test (en cas de test négatif, aucune antibiothérapie n'est recommandée, sauf en présence de facteurs de risque listés), le nombre des prescriptions pourrait être réduit de plus de 50 %.
- Une fois l'origine bactérienne confirmée, il convient de choisir un antibiotique ayant fait la preuve de son efficacité dans cette situation, en tenant compte du niveau actuel des résistances bactériennes.
Dans cette démarche indispensable vers la qualité, le praticien doit s'appuyer sur les recommandations de bonne pratique sur l'antibiothérapie en pratique courante élaborées par l'Afssaps pour le traitement des infections respiratoires communautaires qui représentent près de 80 % des causes de consultations en pratique de ville, tous âges confondus. L'application de ces recommandations adaptées à chaque type de situation (rhinopharyngite aiguë, angine aiguë, otite moyenne aiguë, sinusite, exacerbations de bronchite chronique, pneumonie communautaire...) est fondamentale pour une prescription justifiée et raisonnée des antibiotiques, classe thérapeutique qui permet de traiter avec succès nombre d'infections bactériennes et dont il est indispensable de préserver l'efficacité pour le futur.
On dispose aujourd'hui de nombreuses molécules dont la diversité et les modes d'action devraient permettre de contrôler la plupart des infections bactériennes si ne se posait ce problème des résistances aux antibiotiques. Qu'attendre des antibiotiques de demain ? « Pour l'avenir, nous avons besoin non pas tant d'antibiotiques à spectres élargis, dont la découverte est peu probable et dont l'impact écologique pourrait être trop important, que de molécules ciblées sur des pathologies spécifiques permettant de faire face à des niches de développement correspondant à des problèmes cliniques particuliers. Ces molécules devront nécessairement faire appel à des cibles nouvelles chez les bactéries afin de ne pas présenter de résistances croisées avec celles qui ont déjà été largement utilisées », précise le Dr Antoine Andremont (hôpital Bichat - Claude-Bernard, Paris) en soulignant que « de nouvelles voies de recherche sur les moyens de contrecarrer le développement de résistance par des procédés médicamenteux ou par des vaccins pourraient se développer dans les années à venir ».
Amphi antibiothérapie parrainé par le Laboratoire Sanofi-Aventis.
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