Dans le cadre d'Investiga, des conférences transversales dédiées à la recherche clinique ont permis d'ouvrir le débat avec les praticiens. L'une d'elles était organisée en partenariat avec Nutria sur la recherche clinique dans l'agroalimentaire avec la participation du Pr J.-M. Le Cerf (institut Pasteur-Lille).
Depuis quelques années, on assiste à une montée en puissance des allégations santé pour les produits alimentaires, ce qui va de pair avec la redécouverte du rôle de l'alimentation en matière de santé. Peut-on dire pour autant que les phytostérols peuvent réduire le risque de survenue d'une pathologie ? Selon les spécialistes des affaires réglementaires (Afssaps), une telle allégation est réservée aux médicaments et implique nécessairement des preuves amenées par la recherche clinique.
Folates, carotènes, polyphénols : de nombreuses molécules sont présentes dans les fruits et légumes à l'état naturel et ont des propriétés pharmacologiques intéressantes si bien qu'on serait tenté d'en faire des médicaments, sauf qu'à l'état naturel, les molécules ne sont pas isolées comme dans un médicament, mais font partie d'un tout-synergique. Pour faire valoir l'allégation, il faut se lancer dans des études interventionnelles. Celles-ci sont coûteuses, et d'un protocole compliqué : en effet, il faut trouver le bon comparateur, fixer les doses, le nombre de patients, la durée de l'étude en sachant qu'il faut un groupe témoin, sachant que, comme dans la plupart des essais métaboliques, c'est le sujet lui-même qui est son meilleur témoin.
L'intérêt des études, c'est de faire évoluer les connaissances. En tant que formation, c'est excellent. Mais il s'agit d'une recherche difficile qui ramène toujours à la nutrition. Les patients interpellent le médecin sur le choix de tel ou tel produit.
L'Agence française de sécurité alimentaire a été amenée à se prononcer sur différents dossiers : les produits alimentaires n'étant pas des médicaments ne peuvent avoir un effet thérapeutique, mais seulement une action préventive : ainsi un aliment riche en calcium retarde la survenue de l'ostéoporose, mais ne traite pas.
D'ores et déjà, la réglementation européenne prévoit des dépôts de dossiers ; des textes sont en discussion, une procédure est en cours d'élaboration qui ne laisse pas place à beaucoup de souplesse.
* Service de nutrition, institut Pasteur, Lille.
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