L’affaire du Mediator a défrayé la chronique ces dernières semaines, avec l’annonce par l’Afssaps de 500 morts en l’espace d’une trentaine d’années. Selon une autre expertise de l’Afssaps rendue publique en décembre, le nombre de morts pourraient fort bien être compris entre 1000 et 2000 morts. Dominique Courtois, président de l’association d’aide aux victimes du Mediator et de l’Isoméride (AVI) refuse de croire que « l’Afssaps ne savait pas ». Et va donc engager une action pénale contre l’agence. De surcroit, pas moins de 200 plaintes individuelles seront déposées contre le laboratoire Servier fin janvier, pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui. « On a interdit l’Isoméride et on l’a remplacé par le Mediator qui a quasiment la même composition », dénonce-t-il, considérant que Servier étant « le deuxième laboratoire français », « il y a une logique économique qui a primé sur la santé ».
Aucun statut pour les lanceurs d’alerte en France
« Entre le moment où l’on a eu les premières inquiétudes pharmacologiques et la prise de décisions, il y a eu un moment de latence beaucoup trop important », fustige encore Dominique Courtois. Pourquoi de surcroît Servier a-t-il maintenu le Mediator en France, alors qu’il le retirait en Espagne ? « Ce médicament n’a même jamais été autorisé aux Etats-Unis », poursuit-il. Une incohérence également relevée par Alain-Michel Ceretti, conseiller santé du Médiateur de la République. Selon lui, « cette histoire pose la question des lanceurs d’alerte en France ». Protégés aux Etats-Unis par exemple, ils ne bénéficient d’aucun dispositif particulier en France. Aussi, dans un rapport sur les droits des patients qui lui a été commandé dans le cadre de « 2011, année des patients et de leurs droits », Alain-Michel Ceretti propose que les associations agréées disposent d’un droit d’interpeller les institutions sanitaires compétences lorsqu’elles observent un écart de pratique entre la France et un autre pays européen ou nord-américain par exemple, l’institution ainsi interpellée ayant l’obligation de répondre dans un délai précis. « Cette façon de faire poserait les associations comme lanceurs d’alerte », explique-t-il.
De plus, il importerait selon lui de mutualiser au niveau européen, en matière de mise sur le marché ou de pratiques. Suite à l’affaire de la clinique du sport, la France a interdit la réutilisation des appareils jetables. C’est pourtant aujourd’hui toujours autorisé en Allemagne. « La sur-qualité ne sert à rien et la sous-qualité est dangereuse », estime Alain-Michel Ceretti qui relève en outre qu’à la différence de bon nombre de pays, la France ne sécurise pas le sang sur le plan bactérien. « On a besoin d’un bout d’instance européenne pour réguler la sécurité sanitaire », considère pour sa part Christian Saout, qui réclame en outre que les comptes rendus des commissions de l’Afssaps soient publiés avec mention des avis minoritaires.
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