Ce médecin généraliste exerçait depuis 28 ans dans un bourg de l’Yonne. Il y a quelques jours, il s’est suicidé. Il avait 56 ans. Depuis quelques années, il exprimait son malaise, n’hésitant pas à prendre la plume, en mars 2010, pour dénoncer la « catastrophe démographique » en cours, « les effets d’annonces des dirigeants », les « vexations ». Il disait dans ce courrier ressentir de plus en plus péniblement la pression des caisses d’assurance-maladie, la taxation des feuilles de soins papiers, les injonctions à diminuer fortement les prescriptions d’arrêt de travail et la suspicion jetée sur la capacité des médecins à choisir les meilleures thérapeutiques. « Nous ne demandons qu’à exercer notre métier sans la lourdeur de cette machine administrative rébarbative et chronophage », concluait le praticien.
« Il exprimait son ras-le-bol depuis plusieurs années, confie un confrère. C’est quelqu’un qui n’arrivait plus à tenir face aux obligations des caisses et des patients. Cela faisait quelques mois qu’il disait qu’il allait craquer. » Pour ce médecin, le burnout est à l’origine du drame. « Cela ne fait aucun doute ». Dans une zone touchée de plein fouet par la désertification médicale, les plages horaires sont longues, les distances à parcourir sont importantes, les gardes sont fatigantes. Les médecins de la région ont été choqués par le geste de désespoir de leur confrère. « Les copains du coin veulent faire quelque chose pour qu’il ne soit pas mort pour rien », poursuit ce praticien.
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