« LUNDI DE PENTECOTE : la tension monte », titrait à la fin de la semaine dernière « le Figaro ». C'est le moins que l'on puisse dire. La journée de travail supplémentaire dédiée à la solidarité avec les personnes âgées et handicapées dépendantes, décidée après la canicule meurtrière de 2003, ne fait pas recette. Plusieurs organisations syndicales ont lancé des mots d'ordre de grève pour le 16 mai, les trains et La Poste pourraient être perturbés et de nombreuses entreprises envisagent de rester fermées.
Le gouvernement a pris la mesure du danger, surtout à quelques jours du référendum sur la Constitution européenne. Mais il n'est pas question, dit-on à Matignon, de reculer et de préparer des assouplissements. Un séminaire gouvernemental est organisé le 28 avril pour faire le point. Il sera piloté par le ministre de la Santé, qui assure que « tout est cadré » et que « les Français sont prêts à faire cet effort ».
Pour mieux les convaincre, des chiffres précis sur l'utilisation de l'argent récolté sont diffusés. En contrepartie de la journée de travail supplémentaire, les employeurs paieront une contribution de 0,3 %, contribution à laquelle seront aussi soumis les revenus du capital (à l'exception de l'épargne populaire). Ces recettes, estimées à 2 milliards d'euros, seront intégralement reversées à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (Cnsa) et intégralement utilisées pour les personnes âgées (1,2 milliard) et handicapées (800 millions).
Pour les personnes âgées, trois priorités : leur permettre de vivre chez elles le plus longtemps possible (à 85 ans, 90 % vivent à domicile), moderniser et médicaliser les maisons de retraite, améliorer la prise en charge sanitaire. Cette année, 400 millions iront à l'APA (allocation personnalisée d'autonomie), 365 millions à la médicalisation des établissements et aux services à domicile, 385 millions pour financer la montée en charge du dispositif, et 50 millions à la rénovation d'établissements. Cela se traduira par la création de : 12 000emplois médicaux et paramédicaux, permettant de médicaliser 120 000 places supplémentaires; 100 maisons de retraites ; 6 000 places de services de soins infirmiers à domicile. La poursuite de la diversification de l'offre sera également favorisée, avec des places d'hébergement temporaire, d'accueil de jour itinérant, d'accueil de nuit, de gardes itinérantes de nuit...
La compensation du handicap.
Pour les handicapés dépendants, 290 millions d'euros seront consacrés aux aides humaines et techniques (prestation de compensation du handicap), et 182 millions financeront la montée en charge du dispositif ; 218 millions permettront de créer des places nouvelles, 50 millions de faire des travaux de rénovation et 60 millions de créer des maisons départementales. La nouvelle prestation de compensation sera disponible dès cette année pour les personnes très lourdement handicapées (180 millions pour les aides humaines et 110 millions pour les aides techniques et l'aménagement du logement). La Cnsa financera dès cette année la création de places dans les établissements pour enfants (1 800), dans les établissements pour adultes (3 750) et en centres d'aide par le travail (3 000), ainsi que 44 projets de centres d'action médico-sociale précoce, de centres médico-psychopédagogiques et de centres de ressources autisme. Des efforts particuliers seront faits en direction des handicapés psychiques (20 millions pour financer près de 300 « clubs »), de l'accessibilité du cadre bâti (25 millions) et des maisons départementales.
« Cette réforme va placer la France parmi les pays européens les plus attentifs à la situation des personnes dépendantes », affirme le gouvernement. Et de conclure, au risque d'une impopularité encore plus grande : « C'est par plus de travail que l'on finance plus de social. »
Les chiffres de la dépendance
Parmi les 60 ans et plus, on compte 6,6 % de personnes dépendantes. La proportion varie bien sûr très fortement en fonction de l'âge : de 4,59 % des hommes de 75 ans à 33,67 % de 94 ans et plus, et pour les femmes des mêmes âges de 4,13 à 38,74 % (chiffres 2000).
Aujourd'hui, plus de un million de Français ont 85 ans ou plus, et leur nombre va croître, de même que la proportion de personnes âgées dépendantes (à l'horizon 2020, elle va augmenter de 25 % et de 45 % chez les plus de 80 ans).
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