« Je ne suis pas facile à gérer », a tenu à préciser Élisabeth Hubert lors d’une rencontre organisée par Décision Santé fin novembre*, comme pour expliquer son abandon de la politique, et le fait qu’elle n’ait pas été choisie pour rempiler au poste de ministre de la Santé. Toute caractérielle soit-elle, elle n’en porte pas moins un regard attentionné sur la formation des futurs médecins, l’un des sujets prioritaires de son rapport sur la médecine de proximité. Car Élisabeth Hubert a une véritable tendresse pour les jeunes générations. À son image, ils ne « s’embarrassent pas de circonvolutions de langages », et disent les choses telles qu’elles sont. Exemple : si leur empathie et leur dévouement demeurent, voire fondent leur vocation pour la médecine, ils souhaitent, à rebours de leurs aînés, « concilier vie familiale et vie privée ». Une exigence d’autant plus accessible que la demande en médecins est pléthore : ils sont donc en situation de force pour imposer leurs conditions. Le choix de la médecine générale, qui requiert très souvent une disponibilité professionnelle entière, est pour cette raison délaissé. Mais pas seulement : « J’ai assisté à la première matinée de choix de l’internat, parmi les 400 premiers, se rappelle Élisabeth Hubert. À peine 10 % d’entre eux ont choisi la spécialité médecine générale. La plupart d’entre eux m’ont avoué qu’ils auraient bien voulu choisir la médecine générale s’ils avaient su ce que c’était ! » En cause : le modèle universitaire actuel. « Il faut rompre avec le modèle CHU », martèle l’ancienne ministre de la Santé. Et, le répète-t-elle, prendre des mesures dès la rentrée 2011. Si elle préfère ne pas annoncer les mesures qui s’imposent, elle rappelle tout de même que le nombre de professeurs en médecine générale, une dizaine en tout, est trop peu élevé, tout comme le nombre de chefs de clinique. Autre grief : les maîtres de stage, encore trop rares, sont mal rémunérés. Et la mixité n’est pas de mise dans les rangs des étudiants en médecine : « Il y a encore quelques années, les facs de médecine accueillaient des étudiants venant de filières littéraires. De même, nous ne développons pas chez nos étudiants d’appétence pour la recherche. » Le résultat : la France est un des rares pays où le nombre de spécialistes dépasse le nombre de médecins généralistes. En période de crise de financement de l’assurance maladie, il est fort à parier que les conclusions du rapport Hubert seront entendues. En haut lieu.
Le fait du mois
Rapport Hubert
Publié le 20/12/2010
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* Les Asclépiades sont organisées par Décision Santé, en partenariat avec Janssen.
Jean-Bernard Gervais
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Source : Décision Santé: 270
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