LA MACROGLOBULINEMIE de Waldenström est un trouble lymphoprolifératif caractérisé par un infiltrat lymphoplasmocytaire de la moelle osseuse et des taux sanguins élevés d'une IgM monoclonale. Des agents de chimiothérapie et, plus récemment, des anticorps monoclonaux ont permis d'obtenir des rémissions partielles ou complètes, mais la maladie reste incurable et la médiane de survie est de cinq ans.
Dans ce contexte, l'observation rapportée par des Canadiens (Crystal Chettle et Michael Baker, Toronto) est intéressante. Lorsqu'ils voient leur patiente pour la première fois en 1996, elle a 71 ans ; deux ans auparavant, on lui a trouvé un taux élevé d'une paraprotéine IgM. Cette femme est asymptomatique ; ses ganglions et sa rate sont de taille normale ; le taux d'IgM est de 22 g/l ; une biopsie de moelle osseuse (crête iliaque) montre qu'il s'agit d'une macroglobulinémie de Waldenström. Au cours des sept années qui suivent, elle reste asymptomatique, son taux d'IgM oscillant entre 17,5 et 25 g/l.
Chute du taux d'IgM.
En décembre 2003, on découvre qu'elle a un cancer du sein, avec adénopathies axillaires. Après tumorectomie et dissection axillaire, la patiente reçoit une irradiation de 5 000 cGy sur le sein droit ; puis un traitement par anastrozole(1 mg/j per os) à partir de janvier 2004, jusqu'à maintenant. Lorsque la patiente est revue en juillet 2004, son taux d'IgM a chuté à 0,19 g/l. Les taux d'IgM sont mesurés chaque mois pendant les huit mois qui suivent (jusqu'en mars 2005) : chaque fois, ils sont à 0,19 g/l ou moins. Pendant ce temps, les autres immunoglobulines restent à des taux normaux. Une nouvelle biopsie osseuse (aspiration à la crête iliaque) réalisée en décembre 2004 montre l'absence de signe de macroglobulinémie.
L'anastrozole, rappellent les auteurs, est un inhibiteur de l'aromatase qui bloque la conversion des androgènes en estrogènes ; il est utilisé dans le cancer du sein depuis 1995. Les auteurs signalent qu'ils n'ont pas connaissance d'un autre cas d'utilisation de ce médicament chez un patient qui a une macroglobulinémie de Waldenström.
Il faut des études complémentaires.
Les études menées in vitro dans une maladie voisine, le myélome multiple, ont montré la présence de récepteurs aux estrogènes et à la progestérone sur des lignées myélomateuses humaines ; de plus, Kahr et coll. ont décrit un cas qui suggère le rôle d'un déficit en androgènes dans la prolifération du myélome. « L'évolution clinique de notre patiente suggère que l'anastrozole peut avoir eu un rôle dans la rémission de sa macroglobulinémie de Waldenström, et nous pensons que des investigations complémentaires sont nécessaires », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 21 avril 2005, pp. 1725-1726.
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