Souvent sous-diagnostiquée, la dépression est pourtant particulièrement fréquente à cette période de la vie. Elle touche 5 à 30 % des plus de 65 ans et 30 à 50 % des personnes âgées en institution. Mais comment faire la part des choses entre un véritable épisode dépressif et une tristesse légitime, à un âge où le corps et l’esprit ne fonctionnent plus comme avant, où l’isolement augmente et où il faut apprendre à vivre avec les deuils et la certitude d’une mort prochaine ? Il faut repérer les signes classiques de la dépression que sont la tristesse, la perte de goût pour les plaisirs habituels, la manifestation d’idées noires sur le futur, les problèmes de sommeil, l’entrave au fonctionnement habituel… Et l’aspect durable de ce changement durant plus de deux semaines. Mais la dépression des personnes âgées se caractérise aussi par des signes spécifiques. « Le caractère et les relations se modifient, la personne se plaint de petites perturbations cognitives et de troubles de la concentration, elle peut devenir irritable et hostile, parfois même se sentir persécutée… On observe parfois des troubles des conduites alimentaires ou de l’hygiène, des plaintes somatiques et un sentiment de mal-être physique (douleurs, agitation, chutes…) », constate le Dr Jérôme Pellerin (Ivry-sur-Seine). Les personnes âgées consultent peu pour dépression, car elles se réfugient souvent dans le déni ou la résignation. C’est donc à l’entourage et au médecin de repérer la modification du comportement.
Un enjeu très important
À cette période de la vie, la dépression est un enjeu très important car elle a des conséquences sur l’évolution de la santé globale. Elle entraîne souvent une perte d’appétit qui peut conduire à la dénutrition (une perte de 2 kg en un mois doit alerter), un mauvais état général, une perte de force musculaire, des chutes… Elle diminue l’espérance de vie et lorsqu’elle accompagne une pathologie organique (infarctus du myocarde, diabète, fracture de la hanche…), elle en aggrave le pronostic. « S’il est isolé, le MCI (Mild Cognitive Impairment ou syndrome démentiel débutant) évolue vers la Maladie d’Alzheimer dans 20 à 30 % des cas. Si le MCI s’accompagne de dépression, ce pourcentage d’évolution défavorable atteint 60 % », souligne le Dr Jérôme Pellerin. La dépression peut être confondue avec un syndrome démentiel débutant, une maladie de Parkinson débutante, une hypothyroïdie… Et même des troubles maniaco-dépressifs, mais il est très rare que ceux-ci démarrent à cette période de la vie, ils auraient plutôt tendance à s’améliorer avec l’âge.
Des traitements efficaces et bien tolérés
En cas de dépression simple sans trouble de la personnalité sous-jacent, les anti-dépresseurs font preuve d’une bonne efficacité. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) sont en général prescrits en première intention pour leur bonne tolérance. Les IMAO sélectifs (moclamine), la tianeptine et les inhibiteurs mixtes de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) sont également indiqués, mais ces derniers augmentent un peu le risque de crise d’hypertension. Contrairement à une idée reçue, les psychothérapies sont très utiles même après 75-80 ans.
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