Lavez le nez de votre enfant, proposez-lui fréquemment à boire, maintenez sa chambre entre 19 et 20°, avec du paracétamol en cas de fièvre. Désormais, tels sont les messages à diffuser en cas de toux chez le nourrisson. Terminées les prescriptions de mucolytiques (carbocistéine, acetylcistéine), de mucofluidifiants (benzoate de méglumine) ou d’Hélicidine. Ces médicaments sont contre-indiqués chez les enfants de moins de 2 ans depuis le 29 avril 2010, en raison de risque d’aggravation de l’encombrement bronchique.
La même mesure devrait être prise mi mars 2011 vis-à-vis des sirops antitussifs antihistaminiques H1, et sans doute du fenspiride et des suppositoires à base de dérivés terpéniques.
Pour Catherine Salinier, pédiatre à Gradignan et présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), ces prises de position sont tout à fait justifiées. « La toux est un phénomène réflexe protecteur qu’il faut respecter. Il est donc logique de bannir les mucolytiques - qui, de plus n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité - et les antihistaminiques en cas de toux, pour revenir à des méthodes physiques », déclare-t-elle. Toutefois, “les prescriptions de kinésithérapie respiratoire de drainage en cas de bronchite sécrétante risquent de s’accentuer chez ces enfants qui sont trop jeunes pour savoir tousser”, suppose la pédiatre.
La kiné sur la sellette
En revanche, la kiné dans les cas de bronchiolites risquerait bien d’être sérieusement remise en cause. En effet, une étude française publiée en septembre (Plos Medicine) n’a pas montré son efficacité chez des nourrissons hospitalisés pour bronchiolite aiguë. “On attend que d’autres études viennent confirmer ce fait, notamment en médecine de ville”, commente Catherine Salinier, qui estime toutefois que les conclusions ont de fortes chances d’être identiques. La prise en charge de la bronchiolite en ville pourrait donc bien se limiter à une mesure de la saturation en oxygène et à une surveillance active, sous réserve d’hospitalisation en cas d’aggravation. “Toutefois, si la kinésithérapie pourrait ne plus avoir sa place au stade aigu, elle sera toujours utile lors de la phase excrétoire de la bronchiolite”, relativise la présidente de l’AFPA.
Les anti-reflux trop prescrits
?
Autre controverse, cette fois lors du congrès de pédiatrie qui s’est tenu en juin, les spécialistes ont pointé du doigt les sur-prescriptions de médicaments anti-RGO chez les enfants de moins de 1 an, notamment les prokinétiques et les IPP. « Il ne faut pas y avoir recours à l’aveugle devant des signes qui pourraient hypothétiquement être dus à un reflux : des pleurs inexpliqués, une toux, des otites à répétition…. c’est en ce sens qu’il y a des prescriptions abusives chez les enfants », commente la Catherine Salinier, qui conseille de se recentrer sur l’analyse fine clinique.
L’éviction totale à éviter
Enfin, une autre nouveauté cette année concerne l’allergie alimentaire, notamment celle à l’arachide. Les allergologues ne conseillent plus l’éviction totale, mais une éviction partielle de l’aliment, tout en déterminant en milieu hospitalier la dose minimale tolérée. En effet, des études récentes ont démontré que l’éviction stricte pourrait, dans certains cas, aggraver l’allergie et diminuer la tolérance. D’où un risque majoré en cas de réintroduction accidentelle.
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