DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
NUL NE PEUT plus ignorer qu’un Américain nommé Dan Brown a signé en 2003 un best-seller (50 millions d’exemplaires en 44 langues) à base d’ingrédients très à la mode actuellement : le complot, la religion, les sectes, le mystère… Son habileté a été de mêler, à partir d’une solide documentation, des éléments véridiques, quelques personnages célèbres et des organisations cultivant le secret, à des élucubrations qui n’auraient dû engager que lui. Capitalisant sur le succès du livre, dont Hollywood ne pouvait que s’emparer, il n’a pas été contrarié, c’est le moins que l’on puisse dire, par les polémiques qu’ont engendrées son utilisation de l’Eglise ou de l’Opus Dei dans un récit à multiples rebondissements et meurtres en tout genre. La production du film n’a pas moins bénéficié de ces polémiques et pour sa sortie mondiale, en même temps que sa présentation en ouverture du festival, ne pouvait souhaiter meilleure publicité. L’ignorance de la plupart en matière de religion, chrétienne en l’occurrence, ne justifie pourtant pas que l’on fasse de cette histoire ni un repoussoir, ni un porte-drapeau.
Une bonne série B.
Car du film, parlons-en, ou essayons, on est là pour ça. Beaucoup de moyens. Des lieux de tournage prestigieux. La France a déroulé le tapis rouge, ouvert le Louvre (scène impressionnante), offert les rues de Paris pour une poursuite (amusante)... Londres, l’Ecosse... Une riche distribution, Tom Hanks, l’acteur à 25 millions de dollars par film, en tête. De l’action, de la violence, classique. Mais pas de sexe, qui l’eût cru ?
Ron Howard baigne dans le cinéma depuis qu’il est petit, puisqu’il a commencé à 5 ans (il en a 52) dans des séries télé (il est célèbre pour son rôle d’adolescent dans « Happy Days »). En tant que réalisateur, il a un honorable palmarès et quelques oscars (« Cocoon », « Apollo 13 », « Un homme d’exception »). Il s’est manifestement beaucoup amusé avec ces jouets de luxe. Il s’offre même des vignettes historiques (Rome, les Templiers, la chasse aux sorcières...) style péplum, qui, même à l’ère des images de synthèse, ont dû coûter beaucoup d’argent.
Il est conseillé au spectateur d’en faire autant – s’amuser. Car si, on le prend au sérieux, le thriller devient ridicule, avec sa musique envahissante, ses personnages (pas tous) caricaturaux, sa violence parfois complaisante, sa morale larmoyante. Tom Hanks et Audrey Tautou s’en tirent en restant sobres, Ian McKellen avec un superbe humour détaché. Jean-Pierre Marielle, Jean Reno ou Paul Bettany ont moins de chance.
Au temps où la série B était respectée, on aurait pu complimenter « Da Vinci Code » en le présentant comme une bonne série B. Comme phénomène médiatique, il n’est pas non plus négligeable. Comme création cinématographique, on repassera. Et là, il n’y a pas de mystère.
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