« CES CHIFFRES, les plus importants recensés par l’Observatoire depuis sa création en 2002, confirment toutes les inquiétudes de notre institution face à la multiplication des actes de violence constatés ces derniers mois (...) et justifient notre mobilisation et nos actions en cours », a déclaré Michel Legmann lors d’une conférence de presse ce mardi 29 mars. L’enquête pour l’année 2010* montre en effet une augmentation de 80 % des déclarations d’incidents : 920 professionnels affirment avoir été victimes de violences, contre 512 en 2009, ce qui représente un taux de victimisation deux fois plus important qu’auparavant (0,46 contre 0,26 en 2008 et 0,25 en 2009).
Fait inquiétant, « cette évolution est homogène : elle touche tous les départements », constate Michel Legmann. La Seine-Saint-Denis et le Nord arrivent ainsi en tête du triste classement des déclarations d’incidents (79 et 70 plaintes par an). Le Val-d’Oise (49), l’Isère (39), le Val-de-Marne (35), le Rhône (34), la Seine-Maritime (33), l’Hérault (31) et Paris (31) complètent le « Top Ten ». « Ces affaires d’insécurité interviennent dans les questions de sous-densité médicale de certains territoires », avertit le président du CNOM, qui a rappelé la réduction « drastique » des installations en libéral.
Le profil des médecins victimes est en effet bien identifié : les généralistes restent, comme toujours, les plus exposés. Ils sont en effet 62 % à déclarer un acte de violence. Certaines spécialités sont également touchées, comme les ophtalmologues (en raison des longs délais d’attente pour obtenir un rendez-vous), les médecins du travail et les psychiatres, en prise avec une population plus difficile. Ce sont principalement des professionnels qui exercent en milieu urbain, centre-ville ou banlieue, dans un cabinet, mais les établissements de soins semblent eux aussi de plus en plus concernés. Plus que jamais, les femmes ont été particulièrement nombreuses à signaler des incidents (elles représentent 43 % des fiches en 2010 contre 37 % en 2009).
« La violence est plurielle, elle tient à des raisons exogènes, à la société dans laquelle nous vivons, de plus en plus agressive. Mais elle a également des causes endogènes qui tiennent à l’exercice lui-même », a enchaîné le coordinateur de l’Observatoire de la sécurité, Bernard Le Douarin. En effet, 70 % des incidents sont liés l’acte médical, avec, comme premier facteur, le reproche relatif à une prise en charge, puis le refus de prescriptions. Si les agressions physiques ont légèrement diminué par rapport à 2009, les menaces verbales et injures ne cessent de progresser depuis 2006, passant de 43 % à 63 %. Les vols restent la deuxième cause d’agression, avec un taux de 25 % en légère hausse.
Une réunion le 4 avril.
En réponse à cette situation, Michel Legmann annonce la signature très prochaine du protocole « Santé, sécurité, justice, Ordres » entre les 7 ordres des professions de santé et les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé. Le CNOM demande en particulier la mise en place d’un numéro téléphonique par territoire en lien direct avec la cellule de commandement de l’état-major, d’un référent police et gendarmerie pérenne, en particulier pour assurer des formations auprès des professionnels de santé, de boîtiers de géolocalisation pour les médecins en visite, et d’une couverture assurantielle lors de la permanence des soins. « Ce protocole sera un socle pour décliner des mesures selon les ordres et les territoires, qui seront développées dans les mois qui viennent, notamment en lien avec l’école de police et de gendarmerie de Clermont-Ferrand, qui nous épaulera dans la formation continue à l’insécurité avec la publication de brochures et de livrets », a conclu Bernard Le Douarin.
Dans un communiqué, Xavier Bertrand réaffirme que la sécurité des professionnels de santé libéraux est une priorité et annonce une réunion, lundi prochain 4 avril, de tous les acteurs concernés (ordres, syndicats professionnels, ministères).
* Enquête réalisée en collaboration avec IPSOS, basée sur le recensement de 920 fiches de déclaration d’incidents auto-administrées entre le 1er janvier et le 21 décembre 2010.
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