Ce n’est pas l’indignation générale, mais pas vraiment l’enthousiasme non plus. L’intervention du président de la République la semaine dernière sur TF1 aura été accueillie avec une indifférence polie par les blouses blanches. Pourtant, celles-ci étaient fort bien représentées sur le plateau avec une généraliste ardéchoise et une pharmacienne niçoise. On retiendra l’attitude compréhensive et le ton pédagogue de Nicolas Sarkozy, mais aussi un discours un peu convenu, centré sur la protection des Français, incluant la sécurité de chacun, la garantie d’avoir un emploi ou de pouvoir accéder à des soins de qualité. Rien de bien neuf pour la profession n’a en tout cas été annoncé. Encore une fois, le président a évoqué la nécessité de favoriser l’exercice regroupé, il a promis des bourses pour les jeunes, il a plaidé pour une diversification de la rémunération et s’est donné un mois pour débarrasser les praticiens de ces formulaires inutiles dont le pays de Courteline a le secret.
C’était une émission pour le grand public, comme l’observe, lucide, votre consœur Simone Farjas. D’aucuns, plus insolents, diront qu’à la télé ce soir-là on a eu droit à un exercice de communication un peu longuet, plus qu’à une émission d’information... On en retiendra pourtant que le président aime bien les médecins. À l’évidence plus que les magistrats. Pourtant, même s’il s’y prend différemment, il y a dans les deux cas un sérieux problème de moyens, qui empêche les uns et les autres de travailler en toute sérénité. Et dans ce registre-là, Nicolas Sarkozy est apparu souvent coincé entre la volonté d’action qui le démange et la contrainte budgétaire qui le paralyse.
Concernant la médecine de proximité, accordons-lui pourtant le bénéfice du doute. Mais pas trop longtemps... Hier, devait être discutée au Sénat une proposition de loi Fourcade, qui revient sur les dispositions vexatoires de la réforme Bachelot et pourrait lancer une nouvelle dynamique d’exercice collectif. Et on jugera par ailleurs dans quelques semaines des efforts faits pour vous simplifier la vie. Mais pour résoudre la crise sans précédent à laquelle la profession se trouve confrontée, on ne doit pas s’en contenter. Nicolas Sarkozy a multiplié ces derniers mois visites de médecins de terrains et commandes de rapports d’experts. On ne peut plus en rester aux incantations.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature