JUSQU’À PRÉSENT on ne savait pas grand chose de l’intérêt de l’enzymothérapie à long terme dans la maladie de Fabry. Une étude britannique vient de montrer sur un suivi de 5 ans que l’agalsidase alpha améliore de façon persistante plusieurs composantes de cette maladie de surcharge : l’hypertrophie et la fonction du ventricule gauche, la fonction rénale, les symptômes douloureux et la qualité de vie. Ces résultats d’Atul Mehta et coll. confirment ainsi que l’efficacité de l’agalsidase alpha ne se limite pas au court terme. La maladie de Fabry aboutit en effet à une accumulation de lipides complexes, les sphingolipides, en raison d’un déficit de l’activité d’une enzyme, l’alphagalactosidase A. Comme il s’agit d’une maladie rare liée au chromosome X, les garçons présentent des formes plus graves. À l’âge adulte, apparaissent les complications cardiaques, rénales et cérébrovasculaires, qui entraînent le décès aux alentours de la cinquantaine en l’absence de traitement.
Amélioration significative.
L’équipe britannique a ainsi analysé les données de 181 patients inclus dans l’étude observationnelle FOS (Fabry Outcome Survey). Parmi eux, 126 étaient de sexe masculin. L’évaluation de référence était réalisée dans un intervalle allant de 12 mois avant l’instauration du traitement jusqu’à 14 jours après. La masse du ventricule gauche (VG) était mesurée par échographie, ainsi que l’hypertrophie du VG et la fraction de raccourcissement. Pour évaluer la douleur, l’équipe a utilisé le questionnaire Brief Pain Inventory ; quant à la qualité de vie, le choix s’est porté sur le questionnaire EuroQol, un score validé pour mesurer la qualité de vie liée à la santé. Chez les patients présentant une hypertrophie cardiaque à l’inclusion, les chercheurs ont constaté que le traitement diminuait la masse du VG et augmentait la fraction de raccourcissement, les deux de façon significative. En l’absence d’hypertrophie cardiaque initiale, les paramètres cardiaques restaient stables. Les conséquences étaient plus modestes pour la fonction rénale, qui a simplement diminué plus lentement que ce qui est attendu sans traitement. L’effet était surtout notable pour les sujets ayant une insuffisance rénale sévère (stade 3). Il est à noter que l’aggravation de la fonction rénale était deux à trois plus marquée chez les hommes. Enfin, une amélioration significative a été constatée pour les symptômes douloureux et la qualité de vie.
De l’aveu même des auteurs, il est à regretter que l’étude n’ait pas comporté de groupe contrôle. Dans l’étude FOS, le peu de données disponibles sur les sujets non traités concernaient des patients majoritairement de sexe féminin et présentant des formes peu graves.
The Lancet, édition avancée en ligne du 2 décembre 2009.
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