LE CHEF DU GOUVERNEMENT joint l’acte à la parole. Après un printemps très tumultueux, il a bénéficié de quelques semaines de répit, dues en partie aux vacances, mais pendant lesquelles la croissance économique s’est confirmée. En même temps, le taux de chômage a fortement reculé, ce qui permet au gouvernement d’espérer se présenter à la fin de la législature avec un bilan meilleur que ce qu’il pouvait craindre.
L’amélioration des paramètres n’est pas du tout négligeable. Non seulement elle a un effet direct sur la vie des gens, mais elle modifie le paysage politique. Alors que, au lendemain de la terrible mésaventure du CPE (contrat première embauche), Dominique de Villepin devait pratiquement envisager de se démettre, il se retrouve aujourd’hui avec quelques atouts politiques. Certes, sa première avancée est fragile et il peut perdre rapidement ce qu’il a acquis, en cas de retournement de la conjoncture, notamment. Mais, si la croissance se poursuit pendant encore quelques mois et étant admis qu’il exerce le pouvoir pendant la même période, on ne saurait exclure qu’il soit lui aussi candidat. Un candidat qui parle de ce qu’il fait et non, comme Sarkozy, de ce qu’il veut faire, encore que le ministre de l’Intérieur ait sa part dans l’action gouvernementale.
IL FAUDRA DU COURAGE POUR APPLIQUER EN FRANCE DES METHODES RADICALES
Redistribution des profits.
Mais la question ne porte pas sur le destin personnel de M. de Villepin. Elle concerne le débat (public) qui l’oppose à M. Sarkozy. Bien qu’il ait été combattu par l’opposition avec une vigueur toute particulière, le Premier ministre tente d’occuper un créneau qui serait à mi-chemin entre la droite et la gauche : il assainirait les comptes de la France, préoccupation primordiale, sans pour autant que les Français aient à en souffrir. Aussi bien la somme de ses mesures socio-économiques, presque toutes destinées soit à créer des emplois, soit à augmenter le pouvoir d’achat, ne va-t-elle pas dans le sens d’un retour aux équilibres : réduction d’une dette dont le financement a créé le déficit budgétaire actuel, réduction du déficit public (non seulement le budget, mais aussi la santé et les régimes de retraite). Ces équilibres sont indispensables si la France veut investir dans la production de richesses, sans laquelle, comme tout le monde le reconnaît, même parfois à gauche (Dominique Strauss-Kahn), il ne peut y avoir redistribution des profits.
Mais comment une tâche aussi vaste pourrait-elle être accomplie si un gouvernement poursuit sa routine, préserve tous les avantages acquis et ne demande aucun effort particulier aux citoyens ? La rupture est la recette de Sarkozy ; elle signifie que la France abandonnera un train-train qui risque de la conduire au déclin ; qu’elle limitera ses dépenses, tonneau des Danaïdes impossible à remplir par la seule hausse de la fiscalité ; et qu’elle diminuera les impôts en conséquence pour que le pouvoir d’achat augmente et que de l’argent soit investi dans la recherche et dans l’industrie.
Un emploi, pas un cadeau.
Rien de cet ensemble de résultats ne sera atteint si on procède chaque année en altérant à peine la structure du budget précédent ou si l’on espère guérir les maux du pays en déversant sur les démunis des tombereaux d’argent public. Les gens ont besoin d’un emploi plus que d’un don ; ils ont besoin de gagner plus par leur travail, pas en recevant une assistance ; et on ne peut assurer le plein emploi et la hausse du pouvoir d’achat que si, au lieu de financer la dette, on consacre de grosses sommes aux investissements.
Rien de tout cela ne figure dans le projet socialiste. Mais au moins la droite peut-elle s’emparer d’une doctrine qui a sa part de crédibilité. Que M. Sarkozy soit plus populaire que M. de Villepin est secondaire. Ce qui compte, c’est la méthode. Il faut un peu de courage pour l’appliquer, car elle est radicale. Mais il semble qu’il existe une majorité en France qui a perçu le sens du mot rupture.
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