Cinéma

Sur L'Adamant

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Publié le 25/05/2023
Scène du film L'Adamant

Scène du film L'Adamant
Crédit photo : Films du Losange

NIcolas Philibert

NIcolas Philibert
Crédit photo : TS Productions - Michaël Crotto

Après La moindre des choses sorti en 1995 sur la clinique psychiatrique de La Borde, Nicolas Philibert revient filmer la psychiatrie, un secteur complètement à l'abandon, ce qui a selon le réalisateur constitué une motivation supplémentaire. Dans un contexte dévasté, pris en étau dans les discours sécuritaires des politiques et d'une partie de la presse (voir l'affaire de l'infirmière tuée à Reims), Nicolas Philibert a préféré mettre en avant un lieu non représentatif de ce marasme, « une psychiatrie humaine qui résiste encore et qui est si menacée » dans Sur l'Adamant sorti le 19 avril dernier. Ouvert en juillet 2010, l'Adamant, un centre de jour situé sur un bateau à Paris quai de la Rapée en bord de Seine est dédié aux patients des quatre premiers arrondissements de la capitale. Ce qui surprend le spectateur d'emblée est qu'il est difficile de distinguer les patients des soignants qui ne portent pas de blouse. Ils échappent aux clichés. « Cela peut dérouter un peu. C'est triste à dire, mais aujourd'hui en ces temps de repli identitaire, tout se passe, comme si nous avions besoin de mettre les gens dans des cases, de nous rassurer en sachant précisément qui est qui, qui fait quoi », commente le réalisateur. Or comme La Borde, ce lieu relève d'une philosophie différente. Les activités sont coanimées et la parole est libre, bien que cadrée. Lors d'une réunion hebdomadaire, une patiente se plaint qu'on ne la laisse pas animer un atelier danse. Le soignant animateur de la réunion lui explique calmement avec des arguments solides pourquoi cela n'a pas été (encore) possible, et pourquoi cela ne le sera toujours pas dans un avenir proche. Même si l'échange est tendu, il a le mérite de se produire face à toute l'équipe (de soignants et de patients) et devant la caméra. Tourné en plein Covid (entre mai et novembre 2021 et début 2022), on rentre dans l'intimité des patients, en prise avec les affres de leurs maux. Le spectateur dans leur vulnérabilité parvient à se rapprocher de leur souffrance en captant leur regard. On peut regretter quand même qu'aucun échange direct n'ait eu lieu avec les soignants. Le réalisateur a déjà tourné un second volet à Esquirol (Charenton, 92), Averroès et Rosa Parks. Un troisième volet en cours relatera des visites à domicile.


Source : lequotidiendumedecin.fr