« L’épidémie de variole qui sévit à Paris depuis quelques semaines donnera un regain d’actualité aux lettres que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs et qui furent adressées par le Dr Bourdois (de Lamotte) à Talleyrand, au nom de l’Académie de Médecine, en 1831.
Talleyrand était, à cette époque, ambassadeur de France à Londres. C’est à ce titre qu’il fut chargé officiellement de faire à l’ Académie de Médecine, un envoi de cow-pox, que la docte assemblée avait sollicité pour faire des “ expériences comparatives avec le virus-vaccin humain ”. Voici, du reste, la lettre de Bourdois de Lamotte, exactement transcrite sur l’original qui fait partie de notre collection personnelle :
“ 14 avril 1831,
Mon Prince, le désir de joindre à mes remerciements particuliers ceux de l’Académie entière, et le résultat des expériences comparatives qu’elle s’est empressée de faire avec le virus-vaccin humain et le cow-pox, a pu, seul, m’empêcher d’avoir l’honneur de vous accuser de site la réception du premier envoi de ce dernier que vous avez eu la bonté de m’adresser. Pleine de reconnaissance, ainsi que moi, du nouvel envoi que vous venez de nous transmettre, l’Académie me charge de vous en offrir le respectueux hommage. Son Comité de Vaccine va continuer ses expériences qui, jusqu’à présent, n’ont semblé présenter aucune différence entre l’éruption par le virus humain et celle par le cow-pox. Il paraîtrait cependant que l’effet de celui-ci est plus constant. Du reste, les médecin français partagent entièrement l’opinion de la majorité des médecins anglais sur l’inutilité bien constatée de renouveler tous les sept ans, pendant au moins deux ou trois périodes, les vaccinations faits avec soin. Je remettrai à M. Meige une nouvelle provision de cow-pox ainsi que vous le désirez. Tous les médecins vaccinateurs de ce pays-ci m’en demandent pour savoir si, véritablement, il y a quelque avantage à lui donner la préférence sur le vaccin humain.
Agréez, e vous prie, mon Prince, le respect avec lequel j’ai l’honneur d’être votre humble et très obéissant serviteur. ”
Quelques mois plus tard, un nouvel envoi de Talleyrand provoqua cette lettre de remerciement de Bourdois :
“ Mon Prince,
L’Académie royale de Médecine, de plus en plus reconnaissante des envois de virus-vaccin que vous avez la bonté de lui faire parvenir, me charge de vous offrir, au renouvellement de cette année, l’hommage de sa gratitude, de son respect et de ses vœux. Le succès presque constant des vaccinations faites avec le vaccin anglais ajoute aux ressources que la France doit aux soins de son Comité de Vaccine et ne permet point de craindre qu’on ait jamais à déplorer la perte de ce précieux préservatif d’un des plus grands fléaux de l’humanité ; et nous vous devrons, mon Prince, d’avoir contribué à cet immense avantage.
Agréez-en, mon Prince, je vous prie, ma reconnaissance particulière et permettez-moi d’y joindre mon profond respect. »
Bourdois de Lamotte avait été, comme on sait, médecin de Talleyrand pendant de longues années et c’est, sans doute, ce quilui valut dêtre choisi par l’Académie pour entrer en correspondance avec l’habile diplomate dans cette circonstance. »
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