Max Roach, qui a fêté ses 80 ans au début de l'année, demeure l'un des plus grands batteurs de l'histoire du jazz. Acteur de la révolution Be bop - avec Charlie Parker, Thelonious Monk, Charles Mingus, Bud Powell et Dizzy Gillespie par exemple - musicien engagé politiquement - avec son ex-épouse, la chanteuse Abbey Lincoln -, il s'est imposé comme un leader et un accompagnateur polyrythmicien aux côtés de jazzmen aussi différents que Duke Ellington, Eric Dolphy, Eddy Louiss ou Salif Keïta. « Jazz in _ » (Emarcy/Universal), enregistré en 1956 et 1957, avec notamment Kenny Dorham (trompette) et Sonny Rollins (saxophone), est le premier disque de jazz entièrement composé de valses ou de compositions sur le tempo de la valse. Une aventure musicale étonnante et tout à fait remarquable pour un quintette cohérent à une époque où le « crossover » n'existait pas !
C'est au sein des formations du clarinettiste Benny Goodman dans les années 1930 - dont le célèbre premier quartette mixte avec Lionel Hampton - que Gene Krupa (1909-1973) s'est fait une réputation grâce à de très longs solos de batterie, une chose inhabituelle pour l'époque. En 1958, le batteur signe un de ses albums les plus éminents, « Gene Krupa Plays Gerry Mulligan Arrangements » (Verve/Universal), dans lequel il est à la tête d'un big band qui interprète des standards et des originaux, arrangés et dirigés par le saxophoniste-baryton Gerry Mulligan, découvert alors qu'il n'avait que 19 ans. Un travail absolument exceptionnel pour découvrir les diverses facettes de deux grands messieurs du jazz qui ont marqué leur temps.
Adorant les confrontations rythmiques avec ses confrères Gene Krupa et Louie Bellson, Buddy Rich (1917-1987), qui avait évolué au sein des grands ensembles de Harry James, Tommy Dorsey, Artie Shaw ou encore Benny Carter, était connu pour être un batteur spectaculaire par son jeu sur scène. En studio, comme pour cette séance de 1961 intitulée « Blues Caravan » (Verve/Universal), à la tête d'un sextette comprenant notamment le trompettiste suédois Rolf Ericson et le vibraphoniste Mike Mainieri, Buddy Rich préfère revisiter quelques standards et maintenir une certaine pression rythmique pour que les solistes aillent au bout de leurs idées.
Dans les années 1950/60, la mode était au « typique », un style de musique afro-cubaine taillée pour la danse, devenue depuis la salsa, introduite quelques années auparavant par Dizzy Gillespie avec la complicité du percussionniste cubain Chano Pozo. L'un des autres représentants les plus « typiques » du genre était le magicien des congas et bongos, Xavier Cugat. « Cugi's Cocktail » (Mercury/Universal - 1963), enregistré en grand orchestre, rassemble des cha-cha, mambo, rumba et bossa nova aux titres alcoolisés évocateurs qui sont autant d'invitations à se déhancher frénétiquement.
Aujourd'hui, l'une des dernières légendes vivantes du latin-jazz est incontestablement le vétéran Ray Barretto. New-yorkais d'origine porto-ricaine, âgé de 76 ans, le percussionniste a toujours favorisé le mariage mixte et fécond entre le jazz et la riche palette des musiques des Caraïbes. Gardien des rythmes, Ray Barretto vient de commettre un nouveau CD, « Time Was - Time Is » (O+ Music/Harmonia Mundi), qui est un véritable plongeon dans une musique en hommage au « cubop » et qui met le feu à la maison (1).
Acteur de la révolution Free jazz en Europe dans les années 1960/70, le batteur italien Aldo Romano - également leader et compositeur - s'est toujours montré un excellent accompagnateur, au service des meilleurs solistes. « The JazzPar Prize » (Enja/Harmonia Mundi), son dernier album, est un peu un résumé de la longue carrière de l'instrumentiste en neuf compositions. Avec des musiciens comme Stefano di Battista et Mark Turner (saxes) et comme invitée la chanteuse danoise Susi Hyldgaard, le rythmicien transalpin s'offre un voyage dans les différentes cultures européennes et le jazz, version be bop.
(1) Paris - Le Divan du Monde - 27 mai - 21 h.
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