DE NOTRE CORRESPONDANTE
A 12 ANS, Teddy est une star. C'est en tout cas ce qu'il explique à qui veut bien l'entendre, depuis son expérience à Télé tam-tam : la télévision interne de l'hôpital des enfants, à Toulouse (Purpan). Hospitalisé pour subir une intervention lourde à la tête, Teddy est devenu naturellement « tam-tameur ». Héros d'un miniclip dans lequel il explique sa passion pour son sport favori : le trial. « J'ai testé la caméra, j'ai été interviewé et grâce à Télé tam-tam, j'ai vraiment de supersouvenirs avec mes copains malades. C'était génial », raconte Teddy, avec des étoiles plein les yeux.
Pour sa mère, qui était à ses côtés durant le mois d'hospitalisation, Télé tam-tam a apporté bien plus que cela : « Ça lui a fait oublier la maladie et, aujourd'hui, il n'associe plus son séjour à l'hôpital qu'à Télé tam-tam. Il occulte tout le reste. Cela nous a tous aidés à surmonter ce moment. »
A Purpan, Télé tam-tam émet depuis mars 2004. La chaîne interne a vu le jour sur le modèle de Télé Robert, à Robert-Debré, à Paris, et elle vient de fêter sa première année d'existence. La chaîne émet quotidiennement dans toutes les chambres en deux tranches d'une demi-heure le matin et l'après-midi et plus de 215 enfants ont déjà tenté l'expérience.
La particularité de Télé tam-tam, c'est que les enfants en sont les principaux acteurs. Ils choisissent leur place, devant ou derrière la caméra, conçoivent des scénarios ou s'initient aux techniques d'interview avec l'implication bénévole de journalistes professionnels. D'ailleurs, le Dr François Bouissou, néphrologue et responsable du comité éditorial de Télé tam-tam, s'étonne encore de la tournure qu'ont prise les événements. « Au départ, nous pensions faire une télé éducative assez classique, avec de la prévention, sur les soins, la douleur, la maladie, et y associer les jeunes patients. Finalement, ils se sont totalement engouffrés là-dedans, et de malades passifs, ils sont devenus acteurs. Aujourd'hui, Télé tam-tam est devenue une télé thérapeutique. »
A l'écoute des jeunes patients.
De jeunes patientes dialysées ont monté une adaptation du « Malade imaginaire » ; Julien, un ado musicien de 14 ans, a composé sa propre chanson sur l'hôpital ; Maxime, 11 ans, a imaginé une satire de l'émission « Apostrophe », habilement rebaptisée « Accrostrophe », dans laquelle il évoque sa passion de la lecture. « Chaque enfant imagine quelque chose à partir de sa passion, de ses envies ou de ses rêves et nous l'aidons. Nous essayons d'être à leur écoute et de faire remonter leurs envies », confie Florence Rives, éducatrice de jeunes enfants associée au projet. Depuis un an, Florence va à la rencontre des jeunes patients, au détour d'un couloir sur un brancard ou dans l'intimité d'une chambre avant une intervention chirurgicale. Peu importe que la pathologie soit chronique. Les choses se font un peu au feeling. Florence crée le lien et leur parle de la télé dans un seul objectif : rompre l'isolement, les décentrer de leur maladie et de leurs souffrances. A l'hôpital, le personnel soignant joue aussi le jeu, et c'est sans doute une des raisons du succès : « On sait que cela peut faciliter un soin pénible par la suite », confie une infirmière.
Télé tam-tam n'aurait jamais vu le jour sans le soutien de l'association Hôpital sourire et de la Fondation des Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. Le projet a été soutenu depuis 2001 par Philippe Douste-Blazy, alors maire de la ville. Rançon du succès : en 2005, d'autres hôpitaux comme La Timone, à Marseille, réclament leur lucarne au ministre de la Santé.
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