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Temps de femmes : Dans l'intimité féminine

Publié le 15/05/2005
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LA GYNÉCOLOGIE a ceci de très particulier qu'elle ne s'adresse pas toujours à des femmes malades, mais aussi à des bien portantes, qu'il s'agisse de la jeune fille « à l'orée de sa vie de femme ou de la femme à celle de sa vie de mère », écrit Michèle Lachowsky (« Un temps pour les femmes »). Grande connaisseuse de Balint auquel elle fait souvent référence, elle dit avoir le souci de transmettre son expérience de gynécologue, de médecin de l'intimité féminine. Contraception, infertilité, ménopause ont ouvert grand les portes des gynécologues. Michèle Lachowsky parle des femmes qu'elle a vues en consultation, suivies pendant des années, avec sensibilité, pudeur et humour. « La sexualité est une médecine du sexe, de l'amour et de la mort, donc, de la vie, de ses ordres et de ses désordres », se plaît-elle à dire. Chaque rencontre dans l'intimité du cabinet de consultation est une petite aventure, avec ses découvertes, ses espoirs, ses joies et parfois aussi ses désillusions. L'auteure évoque ces échanges entre la gynécologue et sa patiente, où la question des hommes, de la séduction, du vieillissement apparaît souvent en filigrane, et analyse à travers ces rencontres la difficulté et la particularité de chacune des étapes de la vie féminine. Son analyse intéressera les femmes en général, et constitue également un témoignage et une réflexion rassurants sur l'intrusion que peut représenter l'examen de l'intimité d'un corps et la conscience qu'en a tout gynécologue soucieux du respect de sa patiente.

La ménopause entre tabou et hypermédicalisation.
La ménopause « est une étape existentielle qui engage de façon imbriquée le psychique, le biologique, le corporel, le social au cours d'une période de mutation très déroutante », note Catherine Bergeret-Amslek, psychothérapeute (« la Femme en crise »). Ce processus s'étend sur plusieurs années, de la « périménopause » à la postménopause. Sans être pourtant une maladie, cette étape de la vie est, comme la maternité, hypermédicalisée. Cela ne l'empêche pas d'être néanmoins, à bien des égards, encore taboue. Autoriser les femmes à vivre leur ménopause autrement que comme une maladie honteuse, à cesser d'être dans un déni encouragé par le jeunisme social ambiant, est un des objectifs de cette auteure qui explore depuis plusieurs années les étapes clés des âges de la vie des femmes et de leurs enfants (« Mystère des mères », « Devenir parent en l'an 2000 »...). Les histoires de quelques femmes qu'elle a pu accompagner sur ce parcours montrent comment le bouleversement de l'image du corps, comme les transformations hormonales à l'œuvre dans la ménopause, peuvent ranimer des conflits anciens. « C'est tout ce qui transitait du corps de notre mère au nôtre dans les interactions précoces des premiers temps de notre vie qui est convoqué », écrit-elle. Pourtant, affirme-t-elle, une résolution positive de ce passage est possible d'où la féminité sort grandie, avec ou sans traitement hormonal : « Le présenter comme la seule solution salvatrice pour évacuer la ménopause n'aide pas les femmes à élaborer la complète remise en question qui les bouleverse. Le présenter comme dangereux en le diabolisant ne les aide pas non plus à considérer qu'il peut faire partie d'une aide », écrit-elle encore. La ménopause est donc une chance possible de renaissance comme peut en convaincre la lecture de ces histoires de femmes racontées par leur thérapeute.

A quel saint se vouer ?
Martine Perez, gynécologue de formation et journaliste au « Figaro », propose un historique des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, de leurs espoirs, de leurs risques et de leurs déboires (« Ce que les femmes doivent savoir »). A la fois livre pratique sur les moyens de mieux vivre la ménopause, qu'il s'agisse des questions de peau, de poids, d'os ou de sexualité et manuel destiné à aider les femmes à comprendre et à suivre les polémiques récentes sur le traitement hormonal, l'ouvrage est aussi un manifeste en faveur des plus de 50 ans, de l'intérêt collectif qu'elles méritent comme de la nécessité de réfléchir différemment selon chaque femme. A chacune son histoire et sa ménopause ! Les données négatives concernant le traitement hormonal ont eu comme effet positif de contraindre à rechercher d'autres moyens de pallier les effets délétères de la ménopause, à court comme à long terme, et d'imposer un nouveau type de relation entre praticiens et patientes, en particulier en ce qui concerne l'information, l'adaptation et la précision du conseil au cas pas cas pour la prévention des troubles, la prise en compte des risques et le dépistage de cancers féminins, souligne Martine Perez.

Martine Perez, « Ce que les femmes doivent savoir - Traitement hormonal substitutif, la fin d'un mythe Robert Laffont », 275 pages, 19 euros.
Catherine Bergeret-Amslek, « la Femme en crise où la ménopause dans tous ses éclats », Desclée de Brouwer, 19,50 euros, 210 pages.
Michèle Lachowsky, « Un temps pour les femmes », Odile Jacob, 235 pages.

> Dr CAROLINE MARTINEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7749