Prise en charge de la souffrance psychique

Tenir compte des facteurs environnementaux

Publié le 30/11/2009
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LA MÉDECINE générale et la psychiatrie sont deux spécialités qui reposent sur une approche globale de l’individu et prennent en compte l’impact d’éventuels facteurs environnementaux déstabilisants. Il apparaît capital que les médecins généralistes, premiers psychothérapeutes et les premiers prescripteurs d’un médicament psychotrope, et les psychiatres puissent échanger sur leurs expériences et sur leur savoir-faire clinique. Or, les occasions de le faire sont rares, souligne le Pr Jean-Pierre Olié (hôpital Sainte-Anne, Paris). Ce sera le cas avec la 4 e Journée de Formation médicale continue en psychiatrie, organisée le 5 décembre à l’hôpital Sainte-Anne en partenariat avec la revue « l’Encéphale » et avec le soutien de Pierre Fabre Médicament. Elle abordera les troubles dépressifs, les contextes dans lesquels ils surviennent ainsi que les outils cliniques et thérapeutiques.

La journée réunira donc des psychiatres et des généralistes, autour de trois questions : comment aider un adolescent en difficulté, quels sont les critères de choix d’un antidépresseur et quelles sont les conséquences de l’arrêt de travail pour le déprimé. Ce dernier thème est particulièrement d’actualité puisque les praticiens sont amenés à être plus attentifs à l’évolution de leurs patients sur leur lieu de travail et à collaborer avec le médecin de travail. En effet, l’influence de la pénibilité du travail sur la survenue de l’anxiété et de la dépression semble de plus en plus préoccupante dans les pays occidentaux. Il s’agit de la souffrance psychique provoquée par des conditions de travail stressantes, notamment par le manque de reconnaissance (le travailleur a besoin aussi d’une rétribution symbolique), par la charge importante de travail (burn-out) ou encore par la peur de commettre une erreur entraînant une appréciation péjorative. Selon l’OMS, la France se situe au troisième rang des pays où les dépressions liées au travail sont les plus fréquentes, derrière l’Ukraine et les États-Unis. D’où l’intérêt majeur de développer la prévention primaire au sein du monde de travail et le dépistage précoce des troubles psychiques liés au travail.

Les pièges de l’arrêt de travail.

La question de l’arrêt de travail pour état dépressif apparaît complexe, chaque patient représentant un cas particulier. L’arrêt de travail peut jouer un rôle protecteur en attendant les effets du traitement médical car maintenir au travail une personne déprimée n’ayant plus toutes ses capacités cognitives ne peut qu’aggraver le sentiment d’incapacité, et par là, la symptomatologie dépressive. A l’opposé, il existe des inconvénients de l’arrêt de travail : lorsque la reprise du travail pourrait être secondairement difficile pour le patient ou lorsque l’arrêt majorer son isolement dans le cas où le travail demeure son seul investissement.

En ce qui concerne le choix de l’antidépresseur, il convient de prendre en compte la sévérité, les caractéristiques cliniques de l’épisode, les antécédents de réponse favorable, mais aussi la comorbidité psychiatrique et la comorbidité somatique. Sans oublier d’expliquer au patient les bénéfices attendus et les limites éventuelles en présence des facteurs environnementaux dépressogènes ainsi que les effets secondaires possibles.

Quant au repérage de la souffrance dépressive chez l’adolescent par le médecin généraliste, il demande le juste niveau d’empathie et la disponibilité pour écouter un patient volontiers méfiant, en sachant que cette souffrance se manifeste à cet âge surtout par le repli sur soi ou des troubles de comportement, tels que les conduites à risque, l’irritabilité ou les troubles caractériels. Là encore est soulignée la nécessité d’évaluer le retentissement des situations environnementales, parmi lesquelles figure le système éducatif avec un cursus uniformisé (savoir évoquer la dépression secondaire à la mauvaise qualité de l’insertion dans le cadre scolaire) et l’importance d’autres intervenants que sont les pédopsychiatres ou les psychiatres, les psychologues et les spécialistes de l’orientation scolaire.

Conférence de presse organisée par les Laboratoires Pierre Fabre Médicament, avec la participation du Pr Jean-Pierre Olié (Hôpital Saint-Anne, Paris), des Drs Frédéric Raffaitin (Paris) et Gérard Roussey (Paris) et de Xavier Azaïs (Pierre Fabre Médicament).

LUDMILA COUTURIER

Source : lequotidiendumedecin.fr