MILAN, Italie, années soixante : les Beatles, devenus la coqueluche de la jeunesse dorée, ont dans la bourgeoisie italienne un parfum de souffre. « Les parents, sans même les avoir écoutées, interdissent leurs chansons à leurs enfants parce qu'ils étaient réputés subversifs », dixit Cathy Berberian.
Cette mezzo-soprano américaine, aussi à l'aise chez Monteverdi que dans les œuvres de son époux, le compositeur Luciano Berio, et qui adore toutes les musiques « pourvu qu'elles soient bonnes », demande au compositeur néerlandais Louis Andrissen de réaliser un arrangement pour quatuor à cordes, continuo classique (clavecin, violoncelle) et quintette à vents d'une sélection d'entre elles « pour faire aimer la musique des Beatles aux parents ». Ainsi sort en 1966 chez Fontana un microsillon long playing « Beatles Arias » avec, sur la pochette, Cathy Berberian perruquée et bijoutée comme « une cantatrice qui pourrait chanter Haendel dans les provinces anglaises ». Help !, Ticket to ride, Michelle, A hard day's night, EleanorRigby et Yellow Submarine sont alors rendues à leur beauté mélodique et harmonique primaire par celle qui contribuait alors, aux côtés de Nikolaus Harnoncourt, à la redécouverte des opéras de Monteverdi.
Jamais, en quasiment quarante ans, ces merveilles n'avaient été remises sur le marché et on trouvait ça et là Ticket to ride ou Yesterday dans des compilations de récitals des années soixante-dix où la belle Cathy, satisfaite de sa mission « Beatles », avait désormais celle de « ramener le rire dans les salles de concert ». C'est chose faite avec ce CD qui reprend les gravures originales de 1966 plus quelques interviews de l'époque, sauvées par les archives de l'INA.
Mais ce n'était pas la seule facette de cette chanteuse caméléon par excellence. John Cage, Gershwin, Kurt Weill avec un Surabaya Johnny ébouriffant d'érotisme, et sa propre composition « Stripsody », suite d'onomatopées issues des bandes dessinées les plus fameuses de l'histoire, concluaient des récitals qui commençaient par l'austère « Lettera amorosa », de Monteverdi, comme on peut l'entendre dans « The many voices of Cathy Berberian », accompagnée au piano et clavecin par Bruno Canino, merveille publiée par Wergo en 1971 et un temps distribuée par Harmonia Mundi.
La Cathy la plus pure, celle du « Couronnement de Poppée », on la retrouvera dans « Cathy Berberian sings Monteverdi », sous la direction de Nikolaus Harnoncourt (Teldec). On vous l'a dit, un vrai caméléon !
1 CD ADD Telescopic (distribution Discograph : www.discograph.com).
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