Si demain ils revenaient au pouvoir, les socialistes toucheraient-ils au paiement à l’acte et à la liberté d’installation, les deux dernières « vaches sacrées » de la médecine libérale ? La réponse se trouve dans la plateforme du parti socialiste pour 2012 présentée cette semaine. Enfin, en partie seulement... Car le texte, cent fois remanié, semble sur la santé, bien général, et pas vraiment à même d’éclairer sur ce que ferait pour les blouses blanches un candidat socialiste une fois élu à l’Élysée. De ce point de vue, le contraste est frappant, par rapport au « projet sur l’égalité réelle » concocté en novembre par l’aile gauche du PS. Précis et iconoclaste, ce texte élaboré sous la houlette de Benoît Hamon prévoyait pour les médecins, rien moins qu’un conventionnement sélectif sur le modèle infirmier et la réduction à un niveau « résiduel » du paiement à l’acte !
Rien de tout cela, rassurez-vous, dans le bon gros projet qui sera avalisé samedi par le conseil national du PS. Seule audace largement reprise par les médias: une obligation de service médical en zones déficitaires de quelques années, mais applicable aux jeunes uniquement. En présentant le projet mardi, Martine Aubry a expliqué que le choix du lieu d’installation se ferait en fonction du classement de l’interne. Et l’ancienne ministre de la Santé est prête à parier, non seulement que les ex-carabins s’y plieront de bonne grâce, mais aussi qu’ils finiront par prendre goût à « leur » campagne ou à « leur » banlieue d’adoption... L’effet de cette potion douce-amère sur la démographie médicale, reste à démontrer. Mais alors que les députés suppriment cette semaine le caractère contraignant des « contrats santé-solidarité » prévus par la réforme Bachelot, les socialistes s’affichent plus régulateurs que l’actuelle majorité.
Sur la rémunération des médecins, se montreraient-ils aussi plus réformateurs ? Pas sûr. Du moins, il est bien tôt pour le dire. Certes, le « projet Aubry » évoque le paiement au forfait. Mais dans quelle proportion ? Mystère... Seule précision (qui n’engage guère), on y aurait recours « dans le cas de patients qui ont besoin de se rendre souvent chez leur médecin ». Voilà pour l’essentiel du volet santé. Ah si ! On oubliait le couplet sur la nécessité de « remettre l’hôpital au cœur du système. » Un grand classique dans une plateforme socialiste, mais qui là encore ne dit pas grand chose de la façon dont s’y prendrait un gouvernement de gauche.
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