JOURNEES FRANCOPHONES DE PATHOLOGIE DIGESTIVE
Paris- 2-6 avril 2005
EN 2000, l'incidence du cancer colo-rectal était de 37 000 nouveaux cas par an en France. Seule la moitié des patients opérés d'un adénocarcinome colo-rectal peuvent être guéris. La survenue d'une récidive locorégionale ou de métastases viscérales après exérèse chirurgicale, souvent à l'origine du décès du malade, est un problème préoccupant. Les données sur la prise en charge et la survie des reprises évolutives des cancers colo-rectaux dans la population générale, et celles sur l'évolution des cancers colo-rectaux après résection chirurgicale sont rares. L'influence des progrès réalisés au cours de ces dernières années, notamment en matière de traitement chirurgical, principal moyen thérapeutique, n'est pas connue. Les résultats de travaux réalisés dans les services spécialisés permettent d'avoir une idée du devenir des patients après exérèse du cancer. Cependant, du fait d'inévitables biais de recrutement et de pratiques sélectionnées, ils ne sont pas représentatifs de la situation réelle dans la population générale.
Un suivi à long terme.
L'absence de données sur une base de population est à l'origine d'un travail mené par le Registre bourguignon des cancers digestifs, qui enregistre depuis 1976 les données concernant les cas de cancers ainsi que leur suivi. Ces données sont importantes pour connaître la diffusion de nouvelles techniques et leur influence sur la survenue de reprises évolutives, pour concevoir les essais sur les traitements adjuvants de la chirurgie et définir des stratégies de surveillance. L'objet de ce travail était de connaître l'évolution au cours du temps du traitement et du pronostic des récidives locorégionales et des métastases à distance des cancers colo-rectaux. Trois mille six cinquante-cinq cas de cancers colo-rectaux réséqués à visée curative entre 1976 et 2000 ont été inclus. Mille soixante-quatred'entre eux ont présenté une reprise évolutive au cours de trois périodes retenues : 1976-1984, 1985-1993 et 1994-2003.
Au cours des vingt-huit années de l'étude, le taux de résection à visée curative pour les métastases est passé de 6,7 % (1976-1984) à 23,7 % (1994-2003) (p < 0,001). Il variait selon la localisation de la métastase : os (0 %), foie (24,5 %), ganglions (45 %). Le taux de résection était de 26,4 % pour les sujets de moins de 75 ans et de 8,4 % pour les plus de 75 ans. La proportion de patients ayant reçu une chimiothérapie palliative pour une métastase est passée de 8 % à 30,2 %. Elle était plus souvent faite lorsque la métastase était unique (28,1 %) plutôt que multiple (17,8 %).
Le taux de résection à visée curative pour les récidives locorégionales est passé de 15,9 % à 58,1 % (p < 0,001), dont 49,8 % pour cancer du côlon contre 38,3 % (p = 0,04) pour cancer du rectum. Ce taux était de 52,9 % chez les moins de 75 ans et de 34 % chez les plus de 75 ans. La radiothérapie palliative des récidives des cancers du rectum a diminué au cours du temps de 31,2 % à 5,9 %. En analyse multivariée, pour les métastases comme pour les récidives locorégionales, l'âge et la période influençaient la réalisation d'une résection curative, qui était moins fréquente en cas de cancer du rectum.
La survie relative globale à cinq ans était de 5,5 % pour les métastases et de 15,7 % pour les récidives locorégionales. Seule la résection à visée curative offrait un pronostic plus favorable : 36,1 % et 24,0 % à cinq ans respectivement pour les récidives et les métastases. En analyse multivariée, le risque de décès (était deux ou trois fois plus élevé en cas de traitement palliatif qu'en cas de résection à visée curative.) Il diminuait au cours du temps, de façon significative pour la dernière période 1994-2003.
Ainsi, une amélioration de la survie apparaît au cours du temps. La chimiothérapie palliative n'a pas encore atteint son plein développement. Des traitements plus efficaces et un dépistage de masse du cancer colo-rectal pourraient représenter des avancées importantes pour ces patients.
D'après un entretien avec le Dr Anne-Marie Bouvier, Registre bourguignon des cancers digestifs, Inserm EPI 0106, faculté de médecine, Dijon.
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