LE TROMPETTISTE polonais Tomasz Stanko occupe depuis plusieurs décennies une place prépondérante, non seulement dans le jazz « made in Europe », mais dans le jazz tout court. A 64 ans, et bien avant la chute du mur de Berlin, ce poulain de l’écurie allemande ECM était connu pour ses collaborations avec des avant-gardistes comme Lester Bowie, Jack DeJohnette, Chico Freeman, Dave Holland ou Don Cherry. « Redécouvert » par le grand public au début du XXIe siècle, il se produit désormais avec l’une des meilleures rythmiques polonaises – Marcin Wasilewski (piano), Slawomir Kurkiewicz (contrebasse) et Michal Miskiewicz (batterie) – qui est au service des compositions personnelles et des idées d’un leader éclairé. Son dernier album, « Lontano » (ECM/Universal), est la parfaite illustration de l’entente exceptionnelle et de la complémentarité qui existent entre les quatre musiciens débouchant sur une musique aux climats souvent éthérés, qui pourrait paraître lassante, mais qui se révéle très mature et prenante.
Que dire d’ E.S.T ? Pour certains, le trio du pianiste suédois Esbjörn Svensson (Dan Berglund, contrebasse, et Magnus Östrom, batterie) est l’un des groupes les plus innovants et efficaces de la scène jazz actuelle. La preuve : ses disques se vendent par milliers et les concerts sont surbookés. Pour d’autres (dont je suis), E.S.T se contente depuis quelque temps de bavarder, de se reproduire musicalement, de répéter des clichés déjà utilisés. Leur dernier CD, « Tuesday Wonderland » (ACT/Harmonia Mundi), n’échappe malheureusement pas à cette règle de la redite et du verbiage.
Au coeur des années 1960, en pleine vague de free jazz sur l’Ancien Continent, sont apparus deux pianistes qui, aujourd’hui encore, forcent l’admiration et le respect pour l’intelligence de leur travail de création et leur virtuose inventivité : l’Allemand Joachim Kühn et le Néerlandais Jasper van’t Hof. Le premier, né à Leipzig en 1944, a participé à la quasi-totalité des expériences d’ouverture et de libération du jazz en Europe et en France où il s’est installé. Le second, né à Enschede en 1947, est également un explorateur et défricheur, ayant participé à deux groupes emblématiques d’une époque (les années 1970), Association PC et Pork Pie.
Aujourd’hui, Joachim Kühn vient de ressortir « Europeana » (ACT/Harmonia Mundi), un disque recélant une « Jazzphony », enregistrée en 1994 et conduite par Michael Gibbs. On retrouve, pour ce travail de composition et de recherches sur des airs folkloriques européens, des jazzmen depuis disparus, comme Jean-François Jenny-Clark (contrebasse) et Albert Mangelsdorff (trombone). Un hommage à la tradition et à l’Europe.
Quant à Jasper van’t Hof, à la tête du Quartette Nouveau, il revient avec « Yellow House » (Connecting Cultures Records/Harmonia Mundi), un CD fait de titres originaux très colorés et enjoués, habités et développés par quatre musiciens en parfaite harmonie chaleureuse.
La « swing era » n’a pas été qu’un phénomène américain. Entre 1933 et 1952, la vieille Europe – avant la Seconde Guerre mondiale et au sortir de celle-ci – fut aussi gagnée par la vague swing. « Swing in Europe - Big Bands 1933-1952 » (Frémeaux & Associés) est un double CD qui permet de réentendre certains des grands orchestres européens les plus réputés de l’époque, dont les Français Noël Chiboust (avec Aimé Barelli, trompette, et Django Reinhardt), Alix Combelle, Aimé Barelli, et quelques trouvailles originales (russes, belges, allemandes, britanniques ou polonaises) qui raviront les amateurs et admirateurs d’un temps totalement révolu, voire oublié. Let’s dance!
> DIDIER PENNEQUIN
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature