CE TRAVAIL vient d’être présenté au congrès de l’Eortc-NCI-Aacr* qui a lieu à Prague, par John Eaton et coll. (université de Louisville, Etats-Unis), qui indiquent : «Nous avons montré que cette vaccination par cellules souches embryonnaires est efficace pour inhiber la croissance tumorale dans deux situations: chez des souris chez qui l’on a transplanté un carcinome pulmonaire de Lewis (après le vaccin) , avec un succès obtenu chez 80 à 100% des animaux; et chez des souris exposées aux carcinogènes responsables de cancer pulmonaire, avec un succès chez 60 à 90% des animaux.» De plus, lorsque des tumeurs apparaissent chez les souris vaccinées, elles sont de taille réduite.
Les chercheurs estiment que ce principe à visée prophylactique mérite d’être étudié dans tous les types de cancers, sans se restreindre aux cancers pulmonaires. Ils pensent en particulier aux cancers héréditaires. Mais, avertissent-ils, ces recherches sont très préliminaires et ne doivent pas laisser penser que l’on puisse fumer de manière immodérée impunément.
Antigènes sur les cellules tumorales et les embryons.
Pour J. Eaton et coll., l’idée d’un vaccin a été suscitée par des similitudes qu’ils ont constatées entre des antigènes présents sur les cellules tumorales et les embryons. Les souris ont été vaccinées à deux reprises à dix jours d’intervalle par voie sous-cutanée, soit avec des cellules souches embryonnaires seules, soit avec des cellules souches embryonnaires transfectées par un rétrovirus faisant exprimer du GM-CSF. Des carcinomes syngéni- ques (génétiquement identiques) des souris ont ensuite été transplantés. «La prévention de la croissance tumorale est au premier abord due à l’activité des lymphocytes cytotoxiques» (on remarque que les splénocytes des animaux vaccinés sont particulièrement actifs pour la destruction des cellules tumorales). La stratégie est efficace également après une exposition aux toxiques : méthylcholanthrène et hydroxytoluène, qui, habituellement, provoquent une tumorigenèse chez 100 % des souris.
Les taux les plus élevés de prévention sont obtenus après administration des cellules souches produisant du GM-CSF. «Chez plus de 200souris vaccinées, nous n’avons pas décelé de présence de maladie auto-immune, ni de déclin des cellules souches hématopoïétiques», précisent les auteurs.
* Eortc (European Organization for Research and Treatment of Cancer), NCI (National Cancer Institute), Aacr (American Association for Cancer Research).
Une cible, la kinase aurora
Des Italiens (Maja de Jonge et coll., Nerviano Medical Sciences) ont présenté au symposium Eortc-NCI-Aacr des résultats préliminaires sur un produit anticancéreux fondé sur un nouveau concept, l’inhibition des protéines aurora.
Le produit, agissant comme inhibiteur de la kinase aurora, donne des résultats dans une étude de phase I où sont inclus des patients affectés de différents types de tumeurs solides.
Ce produit a été testé au cours d’une étude de phase I chez 36 patients, présentant des tumeurs avancées, en progression lors de l’inclusion : sarcome (5), colo-rectum (9), pancréas (3), ovaires (2), rein (2), prostate (2), oesophage (3) et voies biliaires (2). Chez sept des patients, on observe une stabilisation et la maladie est demeurée stable pour quatre d’entre eux pendant au moins sept mois. «La maladie aurait selon toute vraisemblance continué à progresser en dehors de ce traitement.»
Le produit inhibe les protéines aurora, et notamment la protéine aurora B.
Ces protéines appartiennent à une famille d’enzymes régulant différentes étapes de la mitose, et particulièrement celle où le noyau se divise pour donner deux cellules identiques.
Les protéines aurora jouent un rôle clé dans la division cellulaire et sont impliquées dans le processus d’initiation du cancer, puis dans sa progression. On a observé une surexpression dans le cancer.
C’est l’une des toutes premières études testant les effets d’un inhibiteur de kinase aurora.
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