L'EQUIPE de Luisa Villa (Ludwig Institute for Cancer Research, Brésil) a entrepris une étude clinique pour évaluer l'efficacité d'un candidat vaccin qui cible des papillomavirus impliqués dans 70 % des cancers du col (les types 16 et 18) et dans 90 % des verrues génitales (types 6 et 11). Le produit testé est un vaccin L1 VLP (« virus-like particle »). L'expression de la protéine L1 dans un système hétérologue (levure) génère des particules pseudovirales non infectieuses qui ressemblent au virion HPV. Un vaccin monovalent L1 VLP contre HPV 16 ayant montré son efficacité, un vaccin quadrivalent a été élaboré.
Brésil, Europe et Etats-Unis.
Les investigateurs ont recruté au Brésil, en Europe et aux Etats-Unis 1 158 jeunes femmes en bonne santé, âgées de 16 à 23 ans, non enceintes, sans antécédents de frottis cervical anormal et avec un maximum de quatre partenaires en tout dans leur vie.
Dans cet essai randomisé en double aveugle, 277 femmes ont reçu le vaccin à raison de trois injections intramusculaires : à J1, au deuxième mois et au sixième mois. Le groupe comparateur était constitué de 275 femmes auxquelles seul l'adjuvant a été injecté.
Les femmes ont été suivies pendant trente-six mois. L'objectif principal de l'étude était d'évaluer l'efficacité du candidat vaccin en termes de réduction de l'incidence combinée des infections persistantes à HPV ainsi que des pathologies associées.
Infections à HPV réduites de 90 %.
Au terme du suivi, qui a comporté des examens gynécologiques réguliers avec des prélèvements pour rechercher l'ADN des HPV et des frottis cervicaux, il a été constaté que le vaccin avait réduit de 90 % l'incidence des infections persistantes dues aux différents types de HPV testés (6, 11, 16 et 18), ainsi que les maladies génitales associées (premier critère d'évaluation) : lésions du col de l'utérus (néoplasies cervicales intraépithéliales ou CIN), cancers du col utérin et/ou lésions génitales externes (verrues génitales). Lors de la visite à 36 mois, dans le groupe placebo, il a été recensé 36 cas d'atteinte, d'infection persistante ou de détection d'un HPV, contre quatre dans le groupe traité. Parmi ces 4 cas, un seul était une infection persistante confirmée. Les trois autres étaient des cas de détection de HPV, sans qu'une infection persistante ait ensuite été confirmée. Ce qui fait dire à Kevin Ault, l'un des investigateurs : « Bien que l'étude n'ait pas été conçue ni organisée pour évaluer l'efficacité séparément sur les marqueurs des maladies, l'efficacité du candidat vaccin contre les précancers du col de l'utérus dus aux HPV de type 6, 11, 16 et 18 a été de 100 %. »
Il n'a pas été noté d'effets indésirables graves dus au vaccin. Les effets secondaires au site d'injection ont toutefois été plus fréquents chez les sujets ayant reçu le vaccin.
Des titres d'anticorps élevés.
On a mesuré la réponse immunitaire induite par le vaccin en titrant les anticorps sériques anti-HPV. A la fin de la période de vaccination (septième mois), les titres moyens étaient significativement plus élevés chez les femmes vaccinées que chez celles du groupe placebo ayant eu une réponse immunitaire à la suite d'une infection antérieure par le HPV. Au trente-sixième mois, les anticorps obtenus par le vaccin demeuraient supérieurs ou égaux aux anticorps naturels.
Des essais cliniques de phase III avec le vaccin, développé par Sanofi-Pasteur MSD et nommé Gardasil, sont en cours au niveau mondial chez 25 000 sujets. Des résultats devraient être publiés avant la fin de l'année.
L'incidence du cancer du col de l'utérus est élevée en Europe. C'est le deuxième cancer le plus fréquent chez la population féminine âgée de 15 à 44 ans.
« Les HPV de types 6 et 11 ne sont pas associés au cancer du col de l'utérus, mais ils peuvent être à l'origine d'anomalies du frottis cervico-vaginal (test de Papanicolaou) , ce qui entraîne de nouveaux examens et inquiète inutilement les femmes », a souligné le Dr Eliav Barr (Merck Research Laboratories et coauteur de l'étude).
« The Lancet Oncology », 7 avril 2005.
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