UN VACCIN protégeant contre pratiquement toutes les souches les plus courantes de méningocoque B pourrait prochainement voir le jour. Une équipe de recherche italienne vient en effet de mettre au point une formule vaccinale très prometteuse, associant cinq antigènes capables d’induire la production d’anticorps bactéricides chez la souris. Lorsque l’hydroxyde d’aluminium est utilisé comme adjuvant, le vaccin italien permet d’obtenir une protection contre 78 % des souches de Neisseria meningitidis du sérogroupe B le plus fréquemment impliquées dans les infections humaines. Et, selon les résultats préliminaires de Giuliani et coll., l’utilisation d’autres adjuvants pourrait permettre d’atteindre un niveau de couverture supérieur à 95 %. Sachant que le « meilleur » vaccin contre le méningocoque B actuellement disponible n’est efficace que contre à peine 20 % des souches les plus courantes, les travaux italiens présentés aujourd’hui dans les « Proceedings » de l’Académie des sciences américaine suscitent un vif intérêt.
Un polysaccharide retrouvé dans le corps humain.
Le développement de vaccins contre les méningocoques du sérogroupe B est jusqu’ici resté très problématique car il ne peut se fonder sur les stratégies habituelles : ces bactéries ont en effet la particularité d’être entourées d’une capsule recouverte d’un polysaccharide retrouvé dans l’organisme humain. On ne peut pas envisager d’utiliser les molécules de la capsule comme antigène vaccinal, comme on le fait classiquement.
Une stratégie alternative se fondant sur l’utilisation des vésicules de membrane externe (OMV) a été tentée. Elle a conduit à l’obtention de vaccins relativement efficaces (dont le MenBVac, développé en Norvège et actuellement utilisé en France), mais qui n’agissent que contre un nombre assez limité de souches bactériennes.
Dans l’optique d’obtenir un vaccin « universel », Giuliani et coll. ont eu recours à la génétique inverse. Ils ont procédé au séquençage complet du génome de la bactérie afin d’identifier de nouveaux antigènes.
Plusieurs années d’un fastidieux travail de criblage leur ont permis de sélectionner cinq antigènes prometteurs. Chacun d’eux est capable d’induire, chez la souris, une immunité protectrice contre au moins une souche de méningocoque B. Giuliani et coll. ont fait le pari que l’association des cinq antigènes pouvait avoir un effet synergique et conduire à la mise en place d’une réponse immunitaire ciblant un grand nombre de souches bactériennes. Ils ont nommé leur candidat vaccin « 5CVMB » pour « 5 component vaccine against meningococcus B ».
Le pouvoir bactéricide du sérum des animaux.
Une préparation de 5CVMB et d’hydroxyde d’aluminium a été administrée à des souris, puis les propriétés bactéricides du sérum des animaux traités ont été évaluées. L’effet de la vaccination a été testé sur 85 souches de méningocoque B issues d’isolats cliniques obtenus au quatre coins du monde. Il est apparu que le sérum des animaux traités tue les bactéries de 66 des 85 souches testées (soit 77,7 %). Lorsque des oligonucléotides CpG sont ajoutés à l’hydroxyde d’aluminium, le sérum des souris traitées tue jusqu’à 92 % des souches étudiées. Enfin, l’utilisation d’une émulsion d’huile dans l’eau comme adjuvant, à la place de l’hydroxyde d’aluminium, semble encore augmenter l’efficacité de la vaccination, conduisant à la production d’un sérum actif contre plus de 94 % des souches de méningocoque B. Au cours de ces différentes tests, l’administration de 5CVMB a toujours été très bien tolérée par les souris. Aucune toxicité n’a pu être détectée. L’ensemble de ces résultats suggèrent donc que la combinaison d’antigènes découverte par l’équipe italienne pourrait rapidement conduire à la production d’un vaccin universel contre les méningocoques B.
M. M. Giuliani et coll.,« Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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