A L'HEURE OU leurs confrères libéraux s'exilent en Angleterre, les chirurgiens publics se dotent d'un nouvel espace de représentation. Emanation de l'Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers, qui regroupe diverses spécialités), le « Club chirurgie » est animé par le président du Snph-CHU (Syndicat national des PH de CHU), le Dr Jean-Michel Badet, par le président du Snhg (Syndicat national des hôpitaux généraux), le Dr Alain Jacob, et par le président de la FPS (Fédération des praticiens de santé), le Dr Jamil Amhis - les deux premiers sont chirurgiens ORL, le troisième chirurgien pédiatre. Le but de cette nouvelle structure est de « fédérer les énergies de tous les chirurgiens des hôpitaux », de « porter (leurs) préoccupations et de proposer des solutions innovantes et efficaces » à la crise qu'ils traversent.
Rachel Bocher, présidente de l'Inph, se réjouit de l'initiative de ses troupes : « C'est une bonne chose pour l'avenir de l'hôpital public qui est, j'en suis convaincue, intimement lié à celui de sa chirurgie. Il faut prendre à bras le corps la question de la chirurgie hospitalière sans quoi nous allons tous couler - chirurgiens, mais aussi psychiatres, anesthésistes... L'heure n'est pas aux départs, aux voyages en Espagne ou en Angleterre ; elle est à la réflexion, à l'étude des pistes possibles. »
Forum de discussions.
Promoteur direct du nouveau Club chirurgie, Jean-Michel Badet se garde bien de polémiquer. « Nous ne voyons pas notre mouvement comme une opposition farouche à nos collègues libéraux, tempère-t-il. Il s'agit d'un espace de discussion ouvert. Nous voulons montrer que des gens se préoccupent de demander aux chirurgiens ce qu'ils veulent et ne formulent pas de réponses à leur place. » Le Dr Badet insiste sur sa démarche : il ne mettra pas la charrue avant les bœufs. « On s'est aperçu que les chirurgiens parlaient peu de leur métier, qu'ils parlaient peu entre eux, alors qu'ils en ont besoin. Mon opinion est qu'ils en ont assez de s'exprimer par la voix de deux ou trois personnes. Nous allons donc ouvrir un forum de discussion pour les chirurgiens hospitaliers. J'avoue ne pas savoir du tout ce que cette opération va donner parce que, même si j'ironise volontiers sur l'intériorité du bloc opératoire - individuel par essence, collectif par nécessité -, j'ignore tout de la propension de mes confrères à évoquer leurs problèmes. »
Un bouillon de culture.
Bouillon de culture pour la chirurgie publique, le Club compte bien porter à terme dans les plus hautes sphères la bonne parole qu'il aura récoltée. Alors que depuis plusieurs mois, les chirurgiens se font - et c'est nouveau - largement entendre sur la scène médiatique, la toute neuve organisation souhaite faire entendre un son original. « Nous voulons sortir du discours "Ecoutez-nous, nous les grands chirurgiens, les autres n'existent pas", affirme le Dr Badet, nous voulons aussi être entendus au Conseil national de la chirurgie - je ne suis pas sûr que ce soit le cas aujourd'hui. »
A quelques semaines des élections professionnelles parmi les médecins de l'hôpital public, on ne peut pas ne pas voir dans la création du Club chirurgie un investissement par l'Inph du terrain chirurgical, une réponse au collectif Chirurgie Hôpital France, qui compte déjà deux « grèves du bistouri » à son actif et regroupe deux intersyndicats de PH - la Coordination médicale hospitalière (CMH) et le Syndicat national des médecins des hôpitaux publics (Snam) - ainsi que trois syndicats de chirurgiens - le Syndicat des chirurgiens hospitaliers (SCH), le Syndicat des médecins des hôpitaux privés (Symhospriv) et l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (Uccsf).
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