LE RÉSEAU européen de prévention du tabagisme (Ensp), fort de 25 coalitions nationales contre le tabac, mobilise dans les pays de l'Union pour que le plus grand nombre possible de professionnels de la santé et d'organisations paraphent la même lettre à leur ministre de la Santé. Avant la Journée mondiale sans tabac, célébrée le 31 mai, les ministres sont sommés de « prendre des engagements forts et d'en assurer la mise en œuvre et le suivi afin d'améliorer le bien-être de tous ». Le texte demande un « accès simple et facile au sevrage tabagique », la « protection totale contre la fumée, réputée cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction » et l'application « de la convention-cadre OMS sur la prévention du tabac ».
Pour une interdiction générale.
En France, cela signifie qu'on mettra à la portée de tous, et des populations les plus défavorisées, en particulier, les substituts nicotiniques. Les pouvoirs publics devraient faire connaître les résultats d'une expérimentation de mise à disposition gratuite de patchs et de gommes à mâcher en Poitou-Charentes, Basse-Normandie et Alsace. Pour le respect des non-fumeurs, l'exemple irlandais n'est plus à méditer, mais à suivre à la lettre, dit en substance au « Quotidien » le Pr Bertrand Dautzenberg, vice-président de l'Alliance contre le tabac, organisation qui rassemble 33 associations chargées de mobiliser les acteurs de santé. Depuis la fin du mois de mars 2004, il est interdit aux Irlandais de fumer dans les entreprises et les lieux publics, y compris les bars, les restaurants et les discothèques. La Suède et l'Italie vont se doter d'une législation similaire dès cette année. Dans l'Hexagone, un sondage Alliance-Sofres laisse entrevoir que la population est prête à franchir le pas (plus de 70 % de oui). Pour passer à l'acte, le recours au législateur est « indispensable », affirme le Pr Dautzenberg, « sachant que la notion d'espaces non-fumeurs contenue dans la loi Evin est complètement inapplicable ».
La convention-cadre OMS de lutte antitabac du 21 mai 2003 a été signée par 168 pays et ratifiée à ce jour par 64, dont la France. En la matière, notre pays n'est pas à la traîne : la loi Evin en a anticipé les mesures clés que sont l'interdiction de la publicité, la surveillance accrue de l'étiquetage en regard des risques du cancer et la hausse des prix des cigarettes. En revanche, il conviendrait que les autorités sanitaires nationales soulignent davantage le caractère « cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction » de la combustion de la cigarette, comme le spécifie l'OMS, souligne le Pr Dautzenberg.
« Les grands succès remportés ces dernières années dans la lutte contre le tabac l'ont toujours été au nom de la santé, rappelle l'Ensp. Les courbes de mortalité par maladies cardio-vasculaires et par cancers du poumon montrent l'efficacité du contrôle du tabagisme. En Grande-Bretagne, les hommes ont 2,5 fois moins de risque de mourir du cancer du poumon qu'il y a vingt ans, car, depuis trente ans, leur taux de tabagisme ne cesse de décroître. »
Mais beaucoup reste à faire pour venir à bout d'un fléau qui tue 650 000 Européens par an et augmente beaucoup le risque de maladie. « En France, déplore l'Alliance contre le tabac, jamais autant de bébés ne sont nés d'une mère fumeuse qu'en 2004 ».
Pour tous renseignements sur la campagne ou recevoir la lettre type : Actif, 13, rue des Archives, 75004 Paris, festif2003@free.fr, fax 01.42.74.19.71 et tél. 01.48.04.09.31.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature