Un Dom Juan léger

Qui est Dom Juan sur la scène du théâtre de l’Odéon ? C’est un aimable libertin qui n’a certes pas froid aux yeux. Pour autant, il n’a rien du philosophe engagé contre tous les fanatismes ou les hypocrisies. Certes, il nous livre un extrait du Divin Marquis pour mieux nous convaincre de son athéisme. Mais au-delà de cette déclaration d’intention, la recherche du plaisir et de la chair fraîche le guide surtout au quotidien. Plaisamment interprété par Nicolas Boucaud, il butine ici et là dans les premiers rangs de l’orchestre. Et ne paraît pas ravager les existences de toutes celles qu’il séduit le temps d’une nuit. Bref, la représentation serait ici pour tout public loin des scandales à répétition qu’a produit ce chef d’œuvre. En fait, Jean-François Sivadier, le metteur en scène, ne sait que faire de ce personnage hors norme, hors la loi. Et n’épuise jamais le sens de cette pièce enragée, écrite à la suite du scandale de Tartuffe, arme de guerre contre toutes les hypocrisies. C’est bien là les limites de ce spectacle, très en retrait comparé aux autres productions présentées par le duo Sivadier-Bouchaud. Dommage.

Dom Juan de Molière, mise en scène de Jean-François Sivadier, avec Nicolas Bouchaud, Vincent Guedon, Stephen Butel, Marc Arnaud, Lucie Valon, Marie Vialle. Odéon-théâtre de l’Europe, jusqu’au 4 novembre puis en tournée à Lausanne (23 novembre-3 décembre), Nantes 7-17 décembre, Strasbourg 3-14 janvier 2017, Grenoble 19-28 janvier 2017.