« Je pense que nous avons tous en tête la mort qui nous a marqués, la première, pas forcément en terme chronologique, mais celle qui reste gravée. En ce qui me concerne, c’était un accident de la route. Un gosse de mon âge, 24 ans, et qui avait le même nom de famille que moi. Ca m’est d’autant plus resté que le policier m’a demandé de procéder à une ponction intra-thoracique pour vérifier le taux d’alcoolémie. Bien sûr, avec la pratique, on apprend la distanciation, mais selon le degré de proximité, la mort d’un patient reste parfois difficile. Pour autant dans le cadre du suivi des maladies chroniques ou des soins palliatifs, le fait de les amener à la délivrance est une satisfaction. »
« Je me souviens surtout de ces corps préparés, nus, froids et de l’odeur de formol qui allaient de pair avec nos premières séances de dissection. Rien à voir avec la réalité de la mort d’un patient qu’on a suivi plusieurs années. Idem pour nos cours en médico-légal où on nous expliquait l’évolution d’un corps défunt : les marbrures, la pâleur… tout ça c’est la mort scientifique. C’est important à savoir, mais ce n’est qu’un aspect. Dans la vraie vie, il y a une dose d’affect non négligeable, mais aussi parfois, le sentiment d’avoir emmené son patient jusqu’au bout. De l’avoir conduit au repos. J’interviens aussi comme coordonateur en maison de retraite, dans ma patientèle, je pense avoir à assurer un décès par mois. »
« Dans le cadre de mes activités de maître de stage, on a des TD de cas cliniques pour les étudiants sur l’annonce d’un pronostic fatal à un de ses patients ; ce que j’appelle, « la mauvaise nouvelle ». Une chose est certaine, elle ne s’improvise pas. Le médecin doit y être préparé. Cela passe par une réflexion aux termes que l’on va employer, à une vraie connaissance du dossier du malade, mais aussi par une attention à des détails qui peuvent sembler plus triviaux. Comme de s’assurer qu’on n’est pas coincé par le temps, bref, ne pas y aller entre deux patients. Ce sont des infos pratiques que je n’avais pas de mon temps, et je pense qu’elles peuvent rendre un vrai service aux étudiants. »
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